Gabon : la vente de pneus usagés, un risque pour la sécurité routière et environnementale
La vente de pneus usagés provenant d’Europe et d’Amérique du Nord en Afrique, et partant au Gabon, est un sujet complexe qui soulève plusieurs questions. Plusieurs enjeux économiques, environnementaux et sociaux. La vente et l’utilisation de ces pneus posent des questions de sécurité routière, des questions environnementales, et de santé publique à bien des égards. Les pneus usagés peuvent servir de réservoirs pour les moustiques, augmentant le risque de maladies comme la dengue ou le paludisme. Alors faut-il les interdire? Là est la question.
Les pneus usagés sont souvent moins chers que les neufs, ce qui les rend plus accessibles pour de nombreux consommateurs en Afrique et partant au Gabon. C’est un fait. Là où un pneu neuf de 4 x 4 coûterait entre 80 et 100 000 FCFA, un pneu usagé de même dimension coûterait 2 à 3 fois moins. La demande pour des pneus abordables est donc logiquement très forte, notamment dans les zones où les routes peuvent être en mauvais état. Le choix est donc vite fait pour le consommateur, mais il n’est pas sans risque.
D’abord, l’importation de pneus usagés pose des questions sur le recyclage et la gestion des déchets. Beaucoup de pneus finissent dans des décharges, ce qui peut avoir des conséquences environnementales. Ensuite, en parlant de normes de sécurité, certains pneus usagés peuvent ne pas respecter les normes de sécurité, augmentant le risque d’accidents sur la route. En l’absence de statistiques officielles concernant la sécurité routière dans le pays, difficile de quantifier l’impact de l’utilisation de ce type de pneus sur le nombre d’accidents de la route.
Un vivier d’emplois pour la main d’oeuvre étrangère mais un risque croissant pour les locaux
Si la vente de pneus usagés crée des emplois locaux dans la distribution et la vente, notamment pour la main-d’œuvre étrangère, elle entretient donc un cycle vicieux d’insécurité routière. De santé publique également, puisque les pneus usagés mal gérés peuvent être une source de problèmes de santé publique, notamment en servant de réservoirs pour les moustiques. Entre risques environnementaux, sanitaires et sécuritaires, il ressort donc que la vente hors de contrôle de ces pneus, est bien plus un problème à moyen-long terme, qu’une solution.
Durcir la réglementation
Les autorités gabonaises ont annoncé leur volonté de reprendre en main le secteur des transports. C’est bien. Mais reprendre en main les secteurs en amont serait le premier pas logique. Imposer des restrictions plus strictes sur l’importation de pneus usagés. Réduire les taxes sur les pneus neufs et sur les véhicules également puisque les deux sujets sont liés, permettrait de réduire un certain nombre de risques. Mais il faut y penser.