Gabon : la Task-Force a-t-elle fait de l’impunité son mode de fonctionnement ?
C’est la question qui taraude les esprits depuis la divulgation le 15 novembre dernier du rapport sur les 60 jours de la Task-Force dettes intérieures et extérieures. En effet, si l’opinion a vivement salué les conclusions dudit rapport qui a réussi à mettre en lumière les pratiques peu orthodoxes de plusieurs entreprises, notamment dans la gestion des marchés publics, elle n’a pas manqué de s’interroger sur la propension de cet organe dirigé par Pierre Duro à infliger des sanctions minimalistes à des entreprises qui ont durant plusieurs années réussi à flouer l’État gabonais.
Institué par arrêté n°0001/PT/2023, la Task-Force, grâce à des missions de contrôle et de vérification, a mis en lumière plusieurs violations flagrantes du Code des marchés publics en République gabonaise. Dans son rapport des 60 jours, cette entité révèle au grand jour les pratiques utilisées par certaines entreprises adjudicataires pour capter l’argent de l’État sans exécuter les travaux qui leur avaient été confiés.
Épinglées pour irrégularités, des entreprises non sanctionnées par la Task-Force
Entre des trop perçus sur un seul projet, le non-respect des dispositions contractuelles, des surfacturations grossières ou encore des travaux inachevés, ces pratiques ont coûté plusieurs milliards de FCFA aux contribuables gabonais. Sauf que si ces conclusions ont été bien accueillies, car mettant en lumière des agissements peu conventionnels, parfois en complicité avec des hauts cadres de l’administration publique, des questions subsistent sur la suite donnée à ce qui s’apparente clairement à du flagrant délit.
En effet, après ces constats d’irrégularités, la Task-Force dettes intérieures et extérieures aurait semble-t-il opté pour une simple tape sur les doigts que pour des sanctions à la hauteur du comportement de criminel financier observé chez ces entreprises. En parcourant le rapport, on constate que le gros des sanctions prises à l’encontre de ces dernières sont entre autres l’achèvement des travaux, la réalisation d’autres travaux à titre gracieux, des compensations suite aux trop perçus ou le paiement des entreprises à hauteur de la valeur du contrat.
Une série de sanctions jugées insuffisantes au sein de l’opinion au vu de la gravité des actes commis par ces entreprises. D’ailleurs, on peut se questionner sur le fait que Pierre Duro et ses collaborateurs n’ont pas daigné communiquer sur les poursuites judiciaires intentées contre certaines entreprises. De quoi se demander s’il ne s’agit pas encore là d’arrangements d’arrière-boutique qui à terme donneront l’impression d’une forme d’impunité à l’égard des délinquants en col blanc.