Gabon : la route Port-Gentil-Omboué, un gâchis économique !
Réalisée par l’entreprise China Road and Bridge durant cinq ans, la route reliant Port-gentil à Omboué longue de 95,92 km qui dispose notamment de deux ponts, le premier sur 4,707 km sur le fleuve Ogooué à Ozouri et le second au dessus de la lagune Nkomi sur 4,577km, ressemble bien plus à une attraction touristique qu’à une route économique. Pourtant, au regard des 350 milliards de FCFA qu’il a nécessité pour sa réalisation, l’idée centrale était d’en faire une route purement économique, permettant de relier la capitale économique au reste du pays. Des années après sa réalisation, elle ressemble bien plus à un gâchis économique qu’à un véritable projet structurant.
S’il y a deux infrastructures à mettre à l’actif du régime d’Ali Bongo Ondimba, ce sont bien l’axe Pk5-Pk12 et la route Pog-Omboué. La première a permis de fluidifier le trafic dans la zone des “Pks” sur la route nationale 1 et la seconde, devait radicalement changer l’architecture économique du pays, en permettant de relier la cité pétrolière au reste du pays. « Ce n’est pas une simple route. C’est une route qui va changer le Gabon. Le pays ne sera plus le même après. Le fait de relier la capitale économique au reste du pays amènera un grand bouleversement sur le plan économique, mais aussi dans les secteurs agricole et touristique » disait d’ailleurs Ali Bongo au cours d’une visite en 2015.
Ce dernier qui présentait dans le même élan, l’huile de palme comme le “nouveau pétrole”, insistait sur le fait que « les populations qui pourront, par exemple, bénéficier du projet Graine, seront bien desservies et ne se sentiront plus exclues du vaste programme du Gabon émergent ». Une belle promesse sur le papier, mais dans les faits, un véritable gâchis économique. L’infrastructure est construite sur 12m de largeur et s’étale sur 93,7 km, comprend deux ponts, le premier d’un linéaire de 4,707 km sur le fleuve Ogooué à Ozouri et le second au-dessus de la lagune Nkomi sur 4,577km. Elle aura en tout et pour tout, coûté plus de 359 milliards de FCFA dont 342 milliards de China Exim Bank (95%) et 17 milliards pour l’Etat gabonais (5%).
Une attraction touristique à petite échelle
Capable donc de connecter Port-Gentil, capitale économique du pays, à Omboué, une ville située au cœur de la région de l’Ogooué-Maritime, elle devait faciliter le transport de biens et de personnes entre ces deux régions, stimuler le commerce et les échanges économiques locaux, ce qui n’est toujours pas le cas, puisque sa construction n’a pas obéit à un schéma plus large incluant le développement des infrastructures routières telles que l’axe Forasol-Mbega. Un tronçon inclus aujourd’hui dans le PNDT en son volet « Programme d’achèvement des chantiers en arrêt depuis 2013 » et qui devrait globalement coûter encore près de 200 milliards de FCFA. Isolée, coupée du reste du pays qu’il était censé relié, sauf pour les courageux qui osent s’y aventurer, cet axe Port-Gentil-Omboué a aujourd’hui tout d’un bourbier économique, tant sa rentabilité n’est pas encore démontrée.
Les 359 milliards de FCFA qui y ont été injecté auraient largement permis de financer la moitié de la transgabonaise, des projets tels que le nouveau pont d’Ebel-Abanga, l’axe Makokou-Ovan près d’une quarantaine de fois, la rocade Ndende-Dolisie pour favoriser les échanges avec le Congo voisin, l’axe Meyo-Kye-Ebebiyin et tant d’autres projets à l’impact économique immédiat. A défaut, le Gabon se retrouve avec des ponts parmi les plus grands et plus longs d’Afrique mais qui ne sont presque jamais empruntés, puisque cette route est isolée. Pour l’efficacité de la dépense on va repasser.