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Gabon : La pérennisation des pratiques de culture du manioc menacée par le vieillissement des agriculteurs

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Le manioc, aliment de base pour plus de 80 % des ménages gabonais, joue un rôle central dans la nutrition et la culture des communautés locales. Sa culture, omniprésente à travers le pays, est profondément ancrée dans le tissu social, économique et culinaire du Gabon. Cependant, une récente étude menée par le journaliste Michael Moukouangui Moukala, sous la supervision de la Dr Dyana Ndiade Bourobou, chercheur à l’Institut de Recherche en Agroforesterie (IRAF), révèle que la production de manioc pourrait rencontrer des difficultés majeures dans les années à venir, principalement en raison du vieillissement de la population des agriculteurs.

L’enquête, réalisée entre juin et décembre 2024, s’est penchée sur la transmission des savoirs endogènes relatifs à la culture du manioc dans la région agricole de la Ngounié. Grâce à la collaboration du directeur provincial de l’Agriculture, Arnaud Ngodi Ranga, près d’une centaine de cultivateurs, membres d’organisations paysannes dans les localités de Mouila et Lébamba dans la province de la Ngounié, ont contribué aux résultats de cette étude.

Une savoir menacée de disparition

Trois volets principaux ont été explorés : le profil des cultivateurs de manioc dans la Ngounié, la classification des variétés cultivées, ainsi que les méthodes de transmission des connaissances liées à la gestion de la semence. Les résultats indiquent une prédominance des femmes dans la conservation des savoirs endogènes, qui représentent 80 % des acteurs de la filière manioc. Ces dernières, organisées en associations et coopératives, se chargent non seulement de la sélection et de la multiplication des variétés, mais aussi de leur conservation.

Pour cerner cette dynamique, l’étude a constitué une collection de plus de 86 variétés de manioc, chacune portant des noms issus des groupes socio-culturels locaux, tels que Ypunu, Isango, Nzébi,  Nvungu, Tsogho, Gisir, etc. Deux grandes catégories de variétés ont été distinguées : les variétés traditionnelles, qui constituent les deux tiers de la collection (18 %), comprenant le Ditadi, Ditadi Rouge, Bilongou, et d’autres, et les variétés introduites, qui représentent le tiers restant, telles que Six mois, SONADECI et Emmanuel.

La recherche souligne les défis auxquels fait face la filière manioc au Gabon, notamment le risque de perte des savoirs traditionnels due à l’âge avancé des praticiens. « Il est vraiment urgent d’envisager cette option, car si rien n’est fait, eu égard aux facteurs tels que l’acculturation des jeunes, le désamour de ces derniers pour l’agriculture et au vieillissement de la population constaté, l’érosion des savoirs liés à la culture du manioc pourrait s’aggraver et poser un problème de sécurité alimentaire en lien avec cet aliment », explique le Journaliste. 

La pérennisation de cette culture emblématique est donc mise en péril, appelant à une prise de conscience collective pour la sauvegarde de cette précieuse ressource agricole, essentielle pour l’alimentation des Gabonais.

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