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Gabon : la Loi de Finances enfin adoptée, que faut-il retenir ?

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Derrière l’adoption de la Loi de Finances, un avertissement : recettes fragiles, dette coûteuse, croissance incertaine. Le budget 2026 repose sur des paris économiques risqués que le Gabon devra impérativement tenir pour éviter une tension financière majeure. Dans cette contribution exclusive, Dr. Nze Biang Jérémie examine, point par point, ce qui fait du prochain exercice budgétaire un véritable test de résilience nationale. Lecture.

Après plusieurs semaines d’échanges entre Gouvernement et Parlement, la Loi de Finances a finalement été adoptée. Ce budget révèle les priorités, les contraintes et les marges de manœuvre réelles de l’État dans un contexte international incertain.

Au sujet des Recettes : entre ambition et risques

Le projet initial tablait sur des ressources supérieures à 7 200 Mds FCFA, portées par une hausse attendue des recettes non pétrolières. Mais ces hypothèses reposent sur une croissance économique ambitieuse et une mobilisation fiscale renforcée. Je me permet de noter des risque majeur tels que volatilité des prix pétroliers et la capacité limitée à élargir rapidement l’assiette fiscale malgré la mise en place de nouvelles taxe comme la « taxe forfaitaire d’habitation ».

Au sujet des dépenses : un arbitrage politique marqué et stratégique

Les navettes parlementaires ont conduit à des coupes d’environ 13 %, ramenant le budget autour de 6 300 – 6 600 Mds FCFA selon les versions votées (Je n’ai pas eu accès à la VF), d’après le Ministre en Charge de l’économie, le montant exact est de 6 368,2 milliards de F CFA. Si l’État maintient une ambition d’investissement importante principalement par la dette, le poids des dépenses de fonctionnement et du service de la dette continue de réduire l’espace budgétaire réel et financer en recettes propres. Je pense vraiment que Monsieur Henri-Claude OYIMA doit définitivement s’attaquer à la question de « la réduction du train de vie de l’Etat ».

En terme de besoin de financement : un signal à surveiller de très près

Malgré les ajustements, le budget laisse apparaître un besoin de financement de plus de 2 000 Mds FCFA. Pour un État engagé dans plusieurs chantiers prioritaires (infrastructures, énergie, services publics), la question n’est plus seulement combien investir, mais comment financer durablement. Je pense qu’une chasse aux voleurs de la République peut aider mais l’hypothèse est trop fragile. Il faut créer un environnement des affaires favorables et des mesures incitatives aux investisseurs pour attirer le maximum d’IDE.

En fin, le contexte mondial : une équation plus complexe et peu prévisible

Le FMI reste prudent : croissance mondiale modérée, taux encore élevés, incertitudes géopolitiques. Pour le Gabon, cela signifie clairement un coût de la dette potentiellement plus élevé, une marge d’erreur plus faible dans la prévision des recettes et une dépendance accrue à la qualité des investissements.

Mon avis prospectif sur la soutenabilité de cette LDF tiens sur notre capaciter à tenir 3 indicateurs :

1- La capacité réelle à mobiliser les recettes domestiques, notamment hors pétrole.
2- La qualité des investissements, qui doivent générer de la croissance effective, pas seulement de la dépense.
3 – L’accès à des financements concessionnels, moins coûteux que les marchés internationaux.

En gros, si la croissance hors pétrole progresse et que les investissements sont mieux priorisés, le budget reste tenable. Dans le cas contraire, la contrainte budgétaire pourrait rapidement se resserrer. Soit on grippe très haut, soit on tombe très bas.

Le vote de la Loi de Finances n’est pas une fin en soi. C’est le début du vrai défi de la 5ème République : exécuter, arbitrer, ajuster et piloter dans un environnement global mouvant.

Dr. Jérémie Nze Biang, Docteur en Stratégie et Management de l’Université Européenne de Paris – Ingénieur Financier – Gestionnaire de projet certifié – plus de 10 ans d’assistance aux entités publiques et privées au Gabon et en Afrique.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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