Gabon: la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle passe sous silence
Le jeudi 4 mars dernier comme chaque année depuis 2009, le monde célébrait la Journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle. Au Gabon, aucune action ni communication officielle n’a été faite, faisant ainsi passer sous silence cette journée en soutien aux personnes victimes d’exploitation sexuelle pourtant présentes dans notre société.
L’exploitation sexuelle consiste à user de l’autorité que l’on a sur une personne vulnérable ou d’abuser de sa confiance, pour la contraindre à participer à une activité sexuelle. La Journée consacrée à la lutte contre cette pratique a été instaurée par les Nations unies chaque 03 mars afin de réfléchir sur des stratégies de lutte contre ce fléau qui gangrène la société. Ce problème touche principalement les jeunes filles et enfants, et peut souvent être accentué par la pauvreté observée dans des familles.
Ainsi, Tania, l’une des victimes de cette pratique indique que les conditions de vie sont l’une des principales causes de ce phénomène « Je suis l’aînée d’une fratrie de quatre enfants. Ma mère nous a élevés toute seule et aujourd’hui, elle n’a plus la force de faire des petites bricoles. Du coup, lorsque j’ai trouvé ce petit emploi de caissière dans une boutique de la place, il fallait que je le préserve. Avec les avances et les menaces du patron de me virer, j’ai dû céder. Mais cela s’est transformé en cauchemar, car il ne me laissait plus. Je devais toujours satisfaire ses besoins jusqu’au jour où j’ai renoncé à ces pratiques et j’ai claqué la porte. Je n’ai pas osé porter plainte”, a-t-elle confié à nos confrères de l’AGP.
Si la pratique demeure difficile à combattre malgré une certaine implication des pouvoirs publics et de la société civile, les victimes restent relativement dépourvues face à ces violences. Et en l’absence de personnes pour témoigner, il ne peut y avoir de sanctions envers les auteurs de ces actes répréhensibles. Ainsi, les violences basées sur le genre constituent un sujet consensuel dont les pouvoirs publics et la société civile sont invités à traiter sérieusement.
Rappelons que l’exploitation sexuelle prive les victimes de leurs droits humains les plus fondamentaux. Notamment le droit à la liberté, à la dignité, ainsi que leur droit de vivre où bon leur semble. Mais aussi celui de contrôler leurs propres corps. Mais pour que ces droits soient mis en avant, il faudrait déjà que le gouvernement prenne à bras le corps le problème mais aussi la journée qui lui est dédiée afin d’organiser des colloques qui mettront le doigt sur le phénomène et pourront trouver des prémices de solutions. Et pour le moment ce n’est clairement pas le cas.