Gabon : Hermann Immongault impuissant face au racket policier

Comment régler la question des contrôles intempestifs qui se soldent souvent par la circulation d’espèces sous le képi ? C’est la question qui alimente les conversations quelques jours seulement après une énième montée au créneau du ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, qui s’est exprimé sur la question lors d’une cérémonie officielle le 19 mai 2025 à l’École nationale de police d’Owendo, en appelant à une police exemplaire et engagée au service de la Cinquième République. Cependant, entre le discours et les actes, un fossé semble être définitivement creusé au regard de la persistance de cette pratique anti-républicaine.
« La Cinquième République n’est pas un simple slogan. Elle exige un changement profond de notre manière de servir l’État », a déclaré Hermann Immongault, s’adressant aux Forces de police nationale devant le Commandant en chef. Pourtant, sur le terrain, le constat est sans appel : les pratiques de racket continuent, de manière flagrante, comme si les rappels à l’ordre des plus hautes autorités ne suscitait qu’un bref sursaut médiatique, sans véritable impact. En mars 2024 à Makokou, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait déjà lancé un avertissement clair : « Le racket, il faut arrêter. Aujourd’hui, on nous rend responsable de la vie chère », ajoutant que « celui qui se fera attraper, paiera les erreurs de tout le monde ». Malgré ces paroles fortes, rien ne semble freiner les dérives sur le terrain. Même le général Hervé Ngoma Ngoma, commandant en chef de la Police nationale, régulièrement menaçant dans ses discours, peine à contenir les agissements de ses éléments.
Un État impuissant face à une dérive systémique
Les multiples dénonciations citoyennes sur les réseaux sociaux, les vidéos virales de contrôles arbitraires et les récits d’automobilistes contraints de verser des pots-de-vin montrent bien que le fléau du racket policier dépasse les simples écarts individuels. Il s’agit d’un système profondément enraciné, qui prospère dans l’impunité. Et face à ce système, l’État semble impuissant. Le ministre Hermann Immongault, malgré ses discours volontaristes, donne l’image d’un responsable dépassé par l’ampleur du problème. Son appel à l’exemplarité, bien qu’honorable, se heurte à une réalité bien plus brutale : la toute-puissance d’une frange déviante des forces de l’ordre, qui semble n’obéir à aucune autorité, ni morale, ni hiérarchique. Ce décalage entre le discours officiel et les réalités du terrain pose une question centrale : qui contrôle encore la police ?
En dépit des efforts sans cesse consentis en vue d’améliorer leurs conditions de vie et de travail, notamment sous la transition militaire, et alors que les Gabonais attendent toujours la mise en place d’une police de proximité pour lutter contre la délinquance dans les quartiers sous-intégrés, certains agents brillent encore par des pratiques de racket qui gangrènent profondément l’institution. Les citoyens s’interrogent : où sont passés les contrôles internes ? Où sont les sanctions promises ? Et surtout, pourquoi ces actes perdurent-ils, comme si rien ni personne ne pouvait les arrêter ? En l’absence de réponses concrètes, les doutes s’installent sur la volonté réelle de l’État de s’attaquer à ce problème. Loin des discours, et sauf à avouer une forme d’impuissance face à ces pratiques qui ternissent l’image de toute une corporation, des mesures fermes devraient être prises.
GMT TV