Gabon : Gunvor, partenaire stratégique de Gabon Oil Company dans le rachat d’Assala
Bouclé après des mois de négociation, le rachat par Gabon Oil Company (GOC), mandataire de l’Etat, des actifs d’Assala Energy, l’a finalement été grâce au soutien financier du trader suisse Gunvor. Leader dans le négoce de matières premières énergétiques à l’échelle mondiale, le groupe a finalement supplanté dans la dernière ligne droite, ses concurrents Trafigura et Vitol, pourtant premiers à se manifester dans de deal à plus de 636 milliards de FCFA. Reste désormais à connaître les contours et les implications de ce nouveau partenariat stratégique.
Reprendre en main le secteur pétrolier en misant sur le local content. Tel était la volonté affichée par les nouvelles autorités dès leur coup de force en août 2023. Pour y arriver, il leur fallait un coup d’éclat nommé Assala. Société d’exploration et de production pétrolière active dans le pays depuis 2017 et dont la production journalière est d’environ 45 000 barils, elle était en passe d’intégrer le giron Maurel & Prom, avant que l’Etat ne fasse valoir son « droit de préemption » en novembre dernier, remettant tout en question. Sept mois plus tard, ce deal qui semblait acquis au pétrolier français, a finalement été bouclé par Gabon Oil Company (GOC).
Mandataire exclusif de l’Etat dans cette opération d’envergure, la Société Nationale des Pétroles du Gabon qui a exercé ses droits de préemption à la suite de l’Etat gabonais, à réussi dans un premier temps, à conclure un accord de vente et d’achat avec Carlyle en février 2024. Quatre mois plus tard, armée de conseils juridiques et financiers de haut rang, la société dirigée par Marcelin Simba Ngabi, a annoncé la finalisation de son acquisition d’Assala Energy. Un deal bouclé en deux temps grâce au soutien financier du négociant Gunvor.
Gunvor Group a la manœuvre
Leader dans le négoce de matières premières énergétiques à l’échelle mondiale, le groupe basé en Suisse a donc coiffé au poteau ses concurrents directs Vitol et Trafigura. Ce dernier qui avait présenté une offre de rachat commune avec le géant britannique BP, n’a finalement pas été choisi par GOC pour cette acquisition qui, selon Marcellin Simba Ngabi, « revêt une importance capitale pour la République du Gabon, actionnaire unique de Gabon Oil Company ». Crucial pour renforcer le contrôle et la souveraineté de l’Etat sur ses réserves de pétrole et de gaz, ce deal devrait en toute logique, renforcer les parts de l’Etat dans la production pétrolière nationale.
Une porte d’entrée pour le Suisse Gunvor
Gunvor, qui s’est dit « fier d’avoir été choisi comme partenaire du Gabon pour cette acquisition stratégique », comme l’a déclaré Stéphane Degenne, un membre de son comité exécutif, devrait donc « apporter ses atouts, son expertise du marché mondial et son financement pour soutenir le programme énergétique de GOC ». Le groupe qui propose également des solutions logistiques qui permettent de déplacer de manière sûre et efficace, l’énergie physique de son lieu d’origine et de stockage vers les endroits où elle est la plus demandée, fait donc son entrée sur le très lucratif marché gabonais, en proie justement à ce type de difficultés notamment dans le secteur minier.
S’offrant une porte d’entrée prestigieuse, le négociant Suisse qui réalise des investissements stratégiques dans les infrastructures industrielles (raffineries, pipelines, stockage et terminaux), pourrait donc très rapidement se déployer dans d’autres secteurs notamment le gaz, qui dispose d’un potentiel colossal. Seul hic, on ignore encore les contours de ce deal et ses implications. Quand on connaît les difficultés potentielles de l’Etat en termes de gouvernance, il faudra clairement faire preuve de pragmatisme dans la gestion de cette nouvelle entité GOC-Assala, pour éviter un cas à la Chevron au Tchad en 2014.