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Gabon : Gaël Koumba Ayouné interpelle sévèrement le RPM et l’UDB sur les dérives post-transition

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Dans une lettre ouverte aussi incisive que symbolique, Gaël Koumba Ayouné, figure du militantisme mapanien et ancien prisonnier politique, accuse les partis de la majorité, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) et l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), de trahir l’esprit de la rupture. En toile de fond : l’investiture d’ex-cadres du PDG et la suspension du militant Joyce Laffitte-Ntsengue, qu’il qualifie de faute politique.

À un peu plus d’un mois des élections législatives et locales prévues pour les 27 septembre et 7 octobre 2025, les critiques s’aiguisent au sein même de la mouvance de la transition. Dans une lettre ouverte diffusée le 7 août, Gaël Koumba Ayouné, analyste politique et figure connue du mouvement citoyen « La Révolution viendra du Mapane », dénonce avec virulence les investitures de figures issues de l’ancien régime par les deux principaux partis se réclamant de la rupture : le RPM de Barro Chambrier et l’UDB du président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema.

« On ne reconstruit pas un pays avec ceux qui l’ont détruit »

Au cœur de sa colère : la suspension de Joyce Laffitte-Ntsengue, secrétaire exécutif adjoint du RPM, sanctionné pour avoir publiquement critiqué l’investiture de candidats issus de l’ancien Parti démocratique gabonais (PDG). Une décision que Koumba Ayouné juge légalement conforme aux statuts du parti, mais « politiquement injuste et moralement inacceptable ». Pour lui, la voix de Joyce Laffitte incarne celle d’un peuple trahi, celle des quartiers populaires, des militants sincères et des électeurs exigeants.

« Ce que M. Laffitte a exprimé dans son post n’était ni une attaque gratuite, ni une dérive individuelle. C’était le reflet lucide de ce que pense une large frange de nos compatriotes », écrit-il. Il fustige dans la foulée le retour en politique active de « visages recyclés du PDG », désormais investis sous l’étiquette UDB, parfois en concurrence directe avec des alliés de la première heure de la transition.

Une « septicémie politique » dénoncée avec fermeté

Dans un style sans concessions, l’ancien prisonnier politique met en garde contre une contamination rampante du processus de transition. Il accuse les dirigeants du RPM et de l’UDB d’« ouvrir les portes de la République à ceux qui l’ont méthodiquement détruite », en contradiction totale avec l’esprit du Dialogue national inclusif et les engagements pris au lendemain du 30 août 2023.

« Vous punissez ceux qui osent vous rappeler vos promesses, et vous tendez les bras à ceux que le peuple a clairement rejetés », écrit-il, avant d’avertir : « en refusant d’écouter ces alertes internes, vous alimentez les germes d’une septicémie politique ».

Une mise en garde directe au président de la République

Tout en réaffirmant son respect pour les institutions, Gaël Koumba Ayouné s’adresse directement au président Brice Clotaire Oligui Nguema, l’appelant à ne pas trahir l’espérance née du coup d’État du 30 août 2023. Il lui rappelle qu’« incarner l’espoir d’un pays » oblige à une cohérence politique sans faille, sous peine de désillusion collective.

« La rupture n’est pas un slogan de campagne. C’est une exigence morale », insiste-t-il, appelant les leaders à ne pas céder à l’opportunisme ni à la compromission.

Une fracture entre la base et les appareils politiques ?

Cette lettre ouverte illustre le fossé croissant entre les militants de terrain et les états-majors des partis politiques. À l’heure où les investitures cristallisent les tensions, de nombreux citoyens redoutent un recyclage des élites discréditées, là où ils attendaient un renouvellement en profondeur.

Gaël Koumba Ayouné, dans une posture de veille citoyenne, rappelle que l’histoire et le peuple observent. Et que les choix faits aujourd’hui engageront durablement la crédibilité du processus de transition et la légitimité des institutions de la Ve République.

Un avertissement sans détour, mais aussi un appel à la conscience, lancé depuis le mapane, ce théâtre social souvent oublié, mais toujours en première ligne.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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