Gabon : entre verdict controversé de la CCS et volonté de faire de BLA un bouc émissaire ?
Le jugement rendu par la Cour criminelle spécialisée (CCS) le samedi 25 mai dernier à l’encontre de l’ancien directeur de cabinet du président de la République Brice Laccruche Alihanga aura eu un véritable goût amer au sein de l’opinion. En effet, alors que les faits relatés tout au long de l’audience ont clairement laissé entrevoir que ce dernier obéissait simplement aux instructions de l’ancien chef de l’État Ali Bongo Ondimba, l’auditoire a été surpris de la lourde condamnation qui lui a été infligée par la CCS après une audience qui aura duré près d’un jour entier.
Si ce procès a été l’occasion de lever une partie du voile sur les différents éléments d’accusation porté à l’encontre de Brice Laccruche Alihanga, il a laissé quelque peu un goût d’inachevé au regard des autres acteurs cités tout au long de l’audience. Il faut dire que l’ancien directeur de cabinet du président de la République Ali Bongo Ondimba était appelé à la barre pour s’expliquer sur les bonus qu’il a reçus sur instruction de son patron de l’époque, et ce, débité du compte de la Société internationale de services et de gestion (SISEC), entreprise de droit privé.
S’il est clair que les fonds dont il est question ont été générés par le redressement fiscal de la société Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) estimé à 155 milliards de FCFA à l’État, puis de l’utilisation des dividendes versés par ladite société à la Société équatoriale des mines (SEM), l’auditoire a été quelque peu surpris que l’ancien ministre chargé du Suivi de la stratégie des investissements humains ait été le seul, avec l’ancien ministre des Mines Tony Ondo Mba, à répondre sur ce dossier alors que le principal concerné Ali Bongo Ondimba encore moins certains de ses proches ne soient appelés à la barre.
Condamnation de BLA, comme du deux poids deux mesures
D’ailleurs, si la Cour s’est arcboutée sur l’immunité dont bénéficie le président déchu pour expliquer son incapacité à le faire comparaitre, le ministère public, dans son réquisitoire, a, sans fioritures, relevé que cette immunité devrait bénéficier également à Brice Laccruche Alihanga, car, il agissait sur instruction du mandant, c’est-à-dire Ali Bongo Ondimba himself. Qu’est-ce qui explique donc cette condamnation, et surtout quid des autres personnalités ayant bénéficié des mêmes largesses dont les noms ont été cités, et qui ne sont toujours pas inquiétés par la justice ?
Autre fait pour le moins curieux, l’absence de preuve tangible sur la nature publique des fonds, pour étayer les accusations de détournement de deniers publics contre l’ancien directeur de cabinet du président de la République, Brice Laccruche Alihanga. Une situation qui, pour de nombreux observateurs, laisse penser que la justice à travers son jugement souhaitait faire de ce dernier, le bouc émissaire de la gestion chaotique du deuxième septennat du régime Ali Bongo Ondimba, alors que ce dernier n’était qu’un simple exécutant.