Gabon : encore des emprunts pour un impact contestable
Au terme du Conseil des ministres présidé par le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba le lundi 26 juin 2023 dernier, le gouvernement a annoncé deux nouveaux emprunts destinés aux secteurs du développement durable et de l’aviation militaire.
Un montant de 500 millions de Dollars US, environ 275 milliards de F CFA proviendra de Gabon Blue Bond Master Trust Série 1, pour la restructuration de la dette du Gabon sur les marchés financiers internationaux. L’argent servira à renforcer les mesures de surveillance, gérer durablement et efficacement les activités de pêche et garantir le maintien de la ressource avec des bénéfices socio-économiques et écologiques considérables. Le gouvernement veut aussi créer un fonds de conservation capable de financer des activités identifiées dans le PSM et considérées comme prioritaires pour le Gabon.
Pour sa part, la Banque Santander mettra à disposition 47,476 millions d’Euros, soit plus de 31 milliards de F CFA pour l’acquisition d’un avion Casa de type C295 MTA dans le but de renforcer les capacités opérationnelles de l’Armée de l’air.
Ces nouveaux emprunts auprès des bailleurs comme la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), la Banque Mondial (BM), le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) ou encore Eximbank China et le Fonds international de développement agricole (FIDA) viennent confirmer certains indicateurs de la loi de finances 2022.
Des nombreux emprunts sans impact réel
Lesquels indicateurs prévoyaient que le Gabon emprunte à hauteur de 639 milliards de F CFA pour financer un ensemble de projets jugés prioritaires tels que le renforcement des structures sanitaires; le programme intégré pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement, la réhabilitation du Transgabonais; les infrastructures de transport; l’employabilité des jeunes; le développement de l’écotourisme; le développement agricole et rural ou encore le programme d’investissement dans le secteur de l’éducation.
Si la note de conjoncture sectorielle de la Direction générale de l’Économie et de la politique fiscale souligne très clairement une hausse de l’encours de la dette publique de 14,7 % à 6539,9 milliards de FCFA depuis 3 ans, le piteux état des routes, les problèmes d’eau et d’électricité, les dysfonctionnements qui paralysent le réseau ferroviaire ainsi que le chômage croissant de jeunes diplômés rendent peu visible l’impact de cet endettement sur les conditions de vie des populations.
À l’inverse, de nombreuses organisations indépendantes comme Transparency internationale et la Société civile gabonaise dénoncent régulièrement des actes de détournement d’une partie de ces emprunts dont certains auteurs sont incarcérés tandis que d’autres se pavanent sans être inquiétés.
Edgard Nziembi Doukaga