Gabon : CTRI a-t-il cédé à la pression des politiques ?
Arrivé au pouvoir le 30 août dernier après un coup d’Etat, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) n’aura finalement tenu que deux mois avant de céder aux sirènes des acteurs politiques nationaux. Sans garantie aucune d’un changement probant, un projet de chronogramme de transition a été rendu public avec échéance en août 2025.
Alors que le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema avait annoncé que « seul le peuple décidera sur la durée de la transition », la donne semble avoir diamétralement changé. Si l’opinion publique évoque des pressions à l’internationale, il semble plus réaliste de s’interroger sur la partition jouée au noir par la classe politique locale. Laquelle s’activait à réclamer une « transition courte » de 2 ans maximum.
Quelle transition en 2 ans ?
Si le coup d’État militaire du 30 août 2023 perpétré par le Comité pour la transition et la restauration des institutions ambitionnait de changer de paradigme au sommet de l’État en garantissant aux Gabonais la restauration de leur dignité, ces idéaux semblent désormais relégués aux calendes grecques. Puisqu’en seulement 24 mois, avec comme point de départ le 30 août 2023 et comme point de chute août 2025, il est plus qu’illusoire de déminer 60 ans de gabegie et d’injustice électorale.
Il aurait donc été de bon aloi que les militaires aux commandes de cette transition restent sur leur vision initiale qui était plus crédible. Malheureusement, les deux ans souhaités par le Premier ministre actuel, Raymond Ndong Sima et plusieurs acteurs politiques, ont vite fait d’être adoptés. Donnant lieu à un calendrier dit « indicatif » qui répond plus à des intérêts personnels, que collectifs. Le retour du régime du partage des richesses.
Oligui Nguema en « mission impossible » !
Si les premiers chantiers menés par le Président de la Transition donnent espoir à une frange de la population malgré des nominations tous azimuts, il est tout de même judicieux de se poser les bonnes questions. Le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema et le CTRI peuvent-ils mener à bien les 6 objectifs ambitieux de la transition ? Lesquels portent sur la restauration de la stabilité et de la confiance, la réforme institutionnelle et législative, la lutte contre la corruption, le développement durable et économique, l’éducation et la sensibilisation, le dialogue national et la consultation publique.
Avec une dette abyssale et des comportements qui ne tendent pas à la contenir, difficile de comprendre comment les grands axes de cette noble vision seront atteints. Surtout avec une classe politique qui a démontré son incapacité à prioriser l’intérêt général au profit des intérêts personnels, familiaux, ethno-claniques et régionalistes. Si le terme « indicatif » a du sens, il serait souhaitable d’en tirer les conclusions et de suivre la feuille de route initiale.