Si quelques heures seulement après l’annonce du remaniement du gouvernement de transition dirigé par Raymond Ndong Sima, les réseaux sociaux s’étaient enflammés à la suite d’une information faisant état de l’interpellation de l’ancien ministre des Mines, Hervé Patrick Opiangah, la réalité serait tout autre. En effet, si l’ancien membre du gouvernement n’a effectivement jamais fait l’objet d’une quelconque procédure judiciaire, des agents s’étant présentés comme relevant de la Direction générale des contre-ingérence et de la Sécurité militaire (DGCISM) se sont bien rendus au cabinet du ministre.
Qu’est-ce qui s’était réellement passé quelques heures seulement après l’annonce du départ de l’ancien ministre des Mines Hervé Patrick Opiangah ? C’est la question à laquelle Gabon Media Time (GMT) tente de répondre après avoir consulté copie d’un exploit d’huissier de justice retraçant les événements qui auraient émaillé l’après-midi et la soirée du mercredi 17 janvier 2024 après l’euphorie du remaniement du gouvernement de la transition.
En effet, ce jour, Hervé Patrick Opiangah, à l’issue d’une déclaration de presse du secrétaire général de la présidence de la République, Guy Rossatanga-Rignault cédait son fauteuil à l’ancien directeur général de la SPIN Gilles Nembet. Sauf qu’après 16 heures, des individus se présentant comme agents de la Direction générale des contre-ingérence et de la Sécurité militaire, communément appelée B2 se seraient présentés dans le bâtiment. Selon plusieurs témoignages consignés dans un exploit d’huissier, ils auraient non seulement menacé les secrétaires, mais aussi cadenassé et arrachés les clés de l’ensemble des bureaux, y compris celui du ministre.
Une situation confuse et incompréhensible qui aurait pu dégénérer, n’eut été l’intervention de l’ancien membre du gouvernement qui, selon ses collaborateurs, aurait réussi à ramener l’accalmie entre les parties qui commençaient à s’échauder. Ce dernier aurait d’ailleurs mis en place un dispositif de sécurité afin d’assurer la garde des bureaux depuis le rez-de-chaussée. Chose encore plus curieuse, ces agents seraient revenus aux alentours de 22 heures mais auraient été dissuadés par la sécurité mandatées par Hervé Patrick Opiangah. Une heure plus tard, ces hommes en civile ont finalement quitté les lieux.
Toutefois, selon une source proche du B2 contactée par GMT, les événements ne se seraient pas déroulés tels qu’ils ont été consignés sur le procès-verbal d’huissier. Si les éléments de la Direction générale des contre-ingérences et de la Sécurité militaire auraient été bel et bien présents sur les lieux, ils auraient attendu le départ de l’ancien ministre et de ses collaborateurs pour procéder à la récupération des clés. Si le personnel du cabinet présent au 5ème étage a été prié de quitter le lieu manu militari, cela n’a été fait que dans le but de s’assurer qu’aucune personne ne restait sur les lieux.
Sauf que la méthode et le procédé ont été mal vécus par les agents en fonction au cabinet du ministre où certains se réservent le droit d’ester en justice les auteurs de ces violences « physiques et verbales ». Alors que plusieurs membres du gouvernement ont été relevés de leurs fonctions, les remous qui ont eu lieu au cabinet du ministre sortant suscitent des questionnements, surtout qu’ils ne se justifient pas au regard des actes concrets posé par Hervé Patrick Opiangah lors de son passage au sein de ce département. Pour rappel, en quelques mois, ce dernier aura permis entre autres la levée de la mesure de suspension temporaire de toutes les activités d’orpaillage, de recherche et de production d’or qui en était à sa cinquième année, la mise en œuvre de la Campagne de régularisation des artisans miniers nationaux le 16 octobre 2023 ou encore la signature de 46 titres et autorisations miniers qui devraient générer plus de 130 millions de FCFA ou encore la mesure écoresponsable de la limitation de la production annuelle de la COMILOG à 8 millions de tonnes de manganèse.
Au regard de ce flou artistique qui règne désormais sur la sortie du gouvernement d’Hervé Patrick Opiangah, flou accentué par les remous du mercredi 17 janvier dernier à l’Immeuble du pétrole et fausses informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre, une sortie médiatique du concerné permettrait d’édifier l’opinion publique et de calmer les supputations qui vont bon train.