Gabon : audition du FGIS, un pas vers la transparence ou un exercice de communication ?

Annoncée comme une avancée vers la transparence, l’audition du Directeur général du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), Serge Brice Ngodjou, et de plusieurs responsables d’entités affiliées, a eu lieu le 15 mai 2025 devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale de la Transition. Si l’exercice est salué comme inédit, il soulève surtout une question centrale : cette démarche est-elle le début d’un vrai contrôle parlementaire ou un simple habillage communicationnel d’un système encore largement opaque ?
Au menu de cette audition très attendue : renforcement du parc informatique, achat de cinq véhicules, travaux du nouveau siège, forums économiques à l’étranger, et surtout, en guise de bilan 2023, aucune donnée consolidée sur les résultats financiers, les flux d’investissements ou les bénéficiaires réels des garanties publiques.
Une première louable… mais très loin d’un changement de culture
Certes, comme l’a rappelé Pacôme Ruffin Ondzounga, président de la Commission des Finances, « aucun contrôle de ce type n’avait été mené depuis plus d’une décennie ». Une lacune gravissime dans un pays où les entités financières d’État sont souvent à l’origine de dérives budgétaires, d’endettement structurel et de manque de performance.
Mais une audition ne suffit pas. Ce qui manque cruellement, c’est un système d’obligation de résultats : rapports publics, audits indépendants, suivi des engagements, sanctions en cas de mauvaise gestion. Or, à ce jour, le FGIS ne publie toujours pas son rapport annuel au Parlement, comme l’exige pourtant la loi sur le Fonds souverain.
L’effet vitrine ne remplacera jamais la redevabilité
La présence des DG face aux députés de la Transition est certes un signal politique. Mais elle ressemble davantage à une opération de relations publiques qu’à un véritable tournant de gouvernance. Le peuple gabonais n’a pas besoin de chiffres sortis d’un chapeau ou de photos prises à des forums à l’étranger. Il a besoin de preuves. De rigueur. Et de résultats.
Dans un pays en pleine refondation institutionnelle, où la transparence est la condition sine qua non d’un nouvel ordre démocratique, les audits ne doivent plus être exceptionnels. Ils doivent devenir la règle. Et pour cela, il faut plus que des auditions : il faut des lois exécutées, des données accessibles, et des responsables comptables.
Une chose est sûre : ce 15 mai, le FGIS s’est présenté devant les représentants du peuple. Reste à savoir si ce moment marquera le début d’un changement profond, ou si ce n’était qu’une manœuvre de façade de plus. Le verdict viendra avec les actes. Et les chiffres.
GMT TV