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Gabon: Antonella Ndembet, une magistrate Pdégiste !

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C’est sans aucun doute l’une des curiosités de la célébration en différée au Palais des sports de Libreville du 55ème anniversaire du Parti démocratique gabonais (PDG). En effet, l’actuel ministre de la Justice, Garde des sceaux Erlyne Antonella Ndembet a pris une part active lors de cette grand-messe foulant aux pieds le principe de neutralité qui fait obligation aux magistrats même détachés de ne pas afficher leur coloration politique ou même prendre part à des activités politiques ce conformément aux dispositions de la Loi n°12/94 du 16 septembre 1994 portant statut des magistrats.

Si sur le plan politique, cette présence est passée presque inaperçue du fait du caractère partisan de cette rencontre, elle n’a pas manqué de susciter quelques questionnements au sein de notre rédaction sur le plan déontologique. Et pour cause, la participation du ministre de la Justice, magistrat de profession, à cette manifestation pourrait prêter à confusion tant cette dernière se doit de faire preuve de neutralité. 

Faut-il rappeler que l’article 15 de de la Loi n°12/94 du 16 septembre 1994 portant statut des magistrats dispose que « toute manifestation de nature politique, est incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions, est interdite aux magistrats, conformément aux dispositions du statut général de la fonction publique ». Une disposition assez claire sauf à croire qu’en entrant au gouvernement Erlyne Antonella Ndembet ne peut plus être considérée comme magistrat ou ait reçu une dérogation spéciale.  

Pis, en tant que magistrate du siège, il serait incompatible pour elle non seulement de briguer un mandat électif mais encore plus d’adhérer à un parti politique. Toute chose qui remet dès lors sur la table l’opportunité d’une telle apparition qui de facto remet en perspective le principe de neutralité qui s’impose aux magistrats. De quoi interpeller le secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature dirigé par Gilbert Ngoulakia sur le deux poids deux mesures si l’on s’en réfère au cas Jean de Dieu Moukagni Iwangou.

Ce dernier avait été radié de la magistrature le 30 juin 2014 pour l’expression de ses opinions politiques. En effet, magistrat hors hiérarchie et directeur général de l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM), le natif de Mouila avait écopé de la décision administrative la plus lourde pour motif d’incompatibilité entre son poste de président de parti politique, en l’occurrence l’Union du Peuple Gabonais (UPG), et sa fonction de magistrat.

A l’epreuve de ces faits, une décision du Secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature, récemment créé pour garantir l’indépendance de la justice, est attendue. Sauf à démontrer à l’opinion que la loi ne s’impose qu’aux opposants et non aux pdégistes. Mais cette situation devrait également interpeller le premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze qui a fait de la triptyque Pragmatisme-patriotisme-proximité et qui de ce fait devrait assurer de manière efficiente le respect des dispositions légales.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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