Gabon : à Lastourville, des fouilles archéologiques dévoilent 25.000 ans d’histoire humaine

Au cœur de la forêt équatoriale, dans les falaises dolomitiques de Lastourville, des archéologues exhument des traces d’occupation humaine remontant à 25.000 ans avant notre ère. Une plongée unique dans la préhistoire de l’Afrique centrale, qui pourrait réécrire une partie de l’histoire des relations entre l’homme et son environnement.
La région, aujourd’hui recouverte d’une forêt dense, était il y a deux milliards d’années un vaste océan. Dans l’abri-sous-roche de Youmbidi, une équipe internationale menée par le géoarchéologue français Richard Oslisly a mis au jour 12.000 ans d’occupation humaine continue. Un terrain rare dans une zone longtemps délaissée par la recherche archéologique.
Des indices d’une civilisation raffinée
Les fouilles ont permis de retrouver des outils en pierre datant du Pléistocène, des pointes de flèches, des éclats de dolomie et de jaspe façonnés il y a plus de 10.000 ans. Parmi les découvertes majeures : un tesson de poterie vieux de 6.500 ans, une perle confectionnée à partir d’une coquille d’escargot entre 3.300 et 4.900 ans, et des dents d’apparence humaine susceptibles de livrer de précieuses données ADN.
Pour l’archéologue Geoffroy de Saulieu, ces vestiges révèlent « des sociétés innovantes, dotées de coutumes et d’un art de vivre », loin de l’image caricaturale de l’homme préhistorique.
Comprendre l’adaptation humaine aux changements climatiques
Les chercheurs, dont le paléoclimatologue Yannick Garcin, espèrent que l’étude de la grotte de Youmbidi éclairera la résilience des populations face aux changements climatiques drastiques qui ont marqué l’Afrique centrale au cours des 12.000 dernières années.
Pour Richard Oslisly, pionnier de l’archéologie forestière, ces travaux sont essentiels. « Mieux comprendre la relation entre l’Homme et son environnement dans le passé nous aidera à affronter les bouleversements écologiques à venir », a-t-il précisé.
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