Fraude électorale : Guilou Bitsutsu-Gielessen attire l’attention sur le double rôle du président Oligui Nguema

Alors que la contestation enfle autour des résultats des élections législatives et locales du 27 septembre 2025, le président du Mouvement Priorités Citoyennes (MPC), Guilou Bitsutsu-Gielessen, a brisé le silence. Dans une déclaration à Gabon Media Time, il a pointé la responsabilité directe du chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema dans la gestion confuse du processus électoral, accusant ce dernier de ne pas parvenir à dissocier ses fonctions.
« Ayant cumulé tous les pouvoirs, il lui est difficile aujourd’hui d’enlever son costume de président de la République et d’endosser celui de chef du Gouvernement afin de rassurer les Gabonaises et les Gabonais sur la fraude électorale », a-t-il déclaré.
Une transition qui vacille sous le poids de la confusion institutionnelle
Cette sortie intervient dans un climat politique particulièrement tendu. À mesure que les recours se multiplient et que la CNOCER est mise en cause pour son manque de transparence, la déclaration de Guilou Bitsutsu-Gielessen vient rappeler l’un des paradoxes majeurs de la transition : la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme.
Chef de l’État, chef du Gouvernement, chef suprême des armées — Brice Clotaire Oligui Nguema cumule toutes les prérogatives. Une situation que le leader du MPC juge incompatible avec l’exigence d’un scrutin crédible. « On ne peut être à la fois arbitre et joueur dans une compétition électorale censée restaurer la confiance », confie un proche du mouvement, pour qui la promesse de rupture s’est diluée dans une pratique du pouvoir centralisée et méfiante.
Entre légitimité politique et soupçon démocratique
Pour Guilou Bitsutsu-Gielessen, l’acte fondateur du 30 août 2023 — celui du renversement d’un régime accusé de confiscation du pouvoir — risque de perdre tout sens si la transition s’enferme dans les mêmes logiques. « La légitimité du président de la République se mesurera à sa capacité à garantir la neutralité de l’État, pas à la maintenir sous tutelle politique », estime-t-il.
De nombreux observateurs partagent cette inquiétude. Certains parlent déjà d’un “retour à la case départ” : un pouvoir militaire devenu civil, mais qui reproduit les réflexes de contrôle absolu. Pour d’autres, cette concentration traduit la peur d’une instabilité politique avant l’installation de la nouvelle Assemblée nationale.
Un signal d’alerte pour la démocratie gabonaise
Dans un contexte où les accusations de fraudes se multiplient, la déclaration du président du MPC résonne comme un avertissement. Elle pose la question de fond : le Gabon vit-il encore une transition ou déjà une restauration ?
À l’heure où le chef de l’État s’apprête à composer le premier gouvernement issu de la Vᵉ République, Guilou Bitsutsu-Gielessen rappelle que le pouvoir n’a de sens que s’il rassure le peuple. Or, pour beaucoup de Gabonais, la confiance s’effrite à mesure que la transparence s’éloigne.
GMT TV