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Gabon: le CTRI veut une loi de programmation militaire

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Dans le jargon, il est admis qu’une loi de programmation militaire fait référence à une législation adoptée par un gouvernement pour réglementer et superviser divers aspects du développement, des opérations et de la technologie de son armée. Le Gabon qui dispose pour le moment d’un gouvernement militaire représenté par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), pourrait en promulguer une d’ici le prochain exercice budgétaire. C’est une des recommandations du dialogue national inclusif, mais qui interroge quelque peu l’opinion. 

Les gouvernements utilisent les lois de programmation militaire pour allouer efficacement les ressources et garantir que les forces armées disposent du financement nécessaire pour leurs opérations, leurs équipements et leurs infrastructures. Elles tiennent compte du processus de passation de marchés, des priorités de recherche et de développement mais également de la planification stratégique. Cependant, elles obéissent à une condition, la nécessité pour un gouvernement de conduire une politique de défense qui va au-delà des forces armées. C’est d’ailleurs actuellement le cas en France. 

En effet, face au « retour de la guerre en Europe », l’Hexagone a privilégié une loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 qui prévoit entre autres d’impliquer la société civile dans la protection. Cette LPM tient donc compte du contexte socio-politique européen et peut par la même occasion s’expliquer d’un point de vue stratégique. Contrairement à la France, le Gabon est loin de devoir faire face à une menace imminente. Il est donc difficile de comprendre la nécessité pour le gouvernement actuel, de se prononcer en faveur de la mise en œuvre d’une LPM version gabonaise, alors que les priorités sont ailleurs.

Le CTRI veut sa Loi de programmation militaire

Alors que le Gabon est confronté à des défis liés au déficit d’infrastructures notamment routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, dont l’amélioration est essentielle pour faciliter le commerce, relier les régions éloignées et soutenir la croissance économique. Alors qu’il est déficitaire d’une électricité fiable et abordable essentielle également au développement économique. Alors que le déficit d’accès à l’eau potable et aux installations d’assainissement est essentiel pour la santé publique, les membres de la commission défense et sécurité au dialogue national inclusif, ont plaidé pour « doter l’appareil de défense d’équipements massifs quantitatifs et qualitatifs à travers une loi de programmation militaire ». 

Une absence de planification stratégique

Confirmant l’absence de planification stratégique qui conduit peu à peu l’économie du pays vers le précipice, cette loi de programmation militaire interroge l’opinion, d’autant plus que l’armée et les forces de défense concentrent déjà pas moins de 170 milliards de FCFA par an dont une bonne partie dédiée à la Garde Républicaine (près de 40 milliards de FCFA). Est-il nécessaire d’initier une telle loi, d’autant que l’administration ne dispose pas de mécanismes de contrôle et de responsabilisation suffisamment huilés et capables de garantir que les ressources militaires sont utilisées de manière efficace et éthique? Là est toute la question.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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