Gabon : seulement 35% des 18-35 ans ont voté aux dernières élections

Depuis des années le Gabon est confronté à un désintérêt alarmant de sa jeunesse envers le processus électoral, comme le révèle un rapport récent d’Afrobarometer. En effet, selon ce rapport publié le 12 août dernier, seuls 35% des Gabonais âgés de 18 à 35 ans ont participé aux dernières élections, illustrant une tendance plus large sur le continent africain où les jeunes semblent se détourner des urnes pour privilégier d’autres formes d’expression politique, surtout la protestation. 

Le rapport d’Afrobarometer, qui a exploré l’engagement civique dans 39 pays africains, met en lumière une réalité frappante : les jeunes sont moins enclins à s’investir dans les activités politiques traditionnelles comparativement à leurs aînés. Le fossé est particulièrement marqué dans le domaine du vote, avec un écart de 18 points de pourcentage entre les jeunes de moins de 35 ans et ceux de plus de 35 ans. 

Au Gabon, cela se traduit par un constat amer : 51% des plus de 35 ans ont glissé un bulletin dans l’urne, contrairement aux seuls 35% des 18-35 ans. Cette déconnexion des jeunes vis-à-vis des partis politiques se manifeste également dans d’autres domaines, comme leur participation aux réunions communautaires, qui accuse une baisse de 12 points. Cependant, ce désengagement ne signifie pas une apathie totale. 

Selon l’étude, la protestation apparaît comme une lueur d’espoir, car les jeunes sont davantage enclins à exprimer leurs désaccords dans la rue que leurs aînés. Bien que les taux de contestation au Gabon ne rivalisent pas avec ceux observés dans des pays comme la Tunisie ou le Soudan, cette évolution témoigne d’un changement important dans les modes d’engagement politique.

Le rapport signale que ces écarts générationnels constituent un défi crucial pour l’avenir politique de l’Afrique. La démocratie ne peut se développer que si une part significative de sa population est incluse dans le processus décisionnel. Les autorités politiques sont donc appelées à réviser leurs stratégies et à mettre en place des « canaux pour un engagement significatif » afin de reconnecter les jeunes à une vie civique dynamique.

Il est évident que le désengagement des jeunes au Gabon, loin d’être un signe d’apathie, est un indicateur clair de la nécessité de réformer et de moderniser les structures politiques pour mieux répondre aux attentes d’une jeunesse qui réclame transparence et efficacité. Ce constat doit résonner comme un appel urgent à l’action pour les dirigeants de ce continent, qui, rappelons-le, est le plus jeune du monde. 

Mariska IKAPI