Élections 2025 : « Le “T” de la tricherie » ou quand l’UDB rejoue le scénario du PDG

Depuis des mois, Échos du Nord comme la plupart des journaux locaux sonnait l’alarme. Depuis des mois, Désiré Ename et la plupart des confrères écrivaient que vouloir sécuriser par la fraude ce qu’on n’est pas sûr de conquérir par les urnes, c’est préparer l’échec avant même la victoire. L’éditorialiste, dans sa parution du 3 octobre 2025, signe un texte d’une rare lucidité : une radiographie brutale d’un scrutin où la “rupture” s’est muée en répétition du passé.
Une élection qui tourne à la farce démocratique. « Nous disions qu’une assemblée monocolore, forgée au forceps, ne serait pas un gage de stabilité, mais le ferment d’une nouvelle fracture nationale », écrit Désiré Ename. Et les faits lui donnent raison. Les élections législatives et locales du 27 septembre 2025 n’ont pas été le triomphe d’une nouvelle ère, mais le miroir déformant d’un ancien système habilement recyclé sous d’autres couleurs.
Les commissions locales, transformées en laboratoires de manipulation, ont accouché d’une démocratie sous perfusion. Entre procurations distribuées à la chaîne, procès-verbaux raturés, bourrages d’urnes et transferts massifs d’électeurs, tout y est passé. « À chaque étape, la main de l’UDB se lisait en filigrane », écrit-il, implacable.
Du rêve de transition à la mécanique du déni
L’éditorialiste pointe sans détour les dérives du parti présidentiel : « Là où le ministère de l’Intérieur avait affiché une volonté de crédibilité, l’UDB a saboté dans les coulisses. »
De Ndendé au Woleu-Ntem, de Bitam à Oyem, le scénario s’est répété : explosion artificielle du corps électoral, scores ubuesques, et procurations brandies comme des trophées électoraux.
Ce cynisme, analyse Échos du Nord, n’est pas anodin. Il signe la fin d’une illusion collective, celle d’une transition vertueuse. « Le coup d’État du 30 août 2023 avait ouvert une parenthèse d’espérance ; le scrutin du 27 septembre 2025 l’a refermée brutalement. »
Un parti déjà souillé par le sceau du mensonge
Pour Désiré Ename, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), née de la promesse d’un renouveau, a trahi son propre serment. « Ce parti, sitôt né, est déjà souillé. Mis sur les fonts baptismaux avec la promesse d’un nouveau souffle, il est marqué à l’encre indélébile du “T” de la tricherie. »
Et l’avertissement claque comme une prophétie politique : « Aucun pouvoir ne survit durablement à une illégitimité aussi flagrante. En voulant tout prendre, l’UDB vient de tout compromettre. »
L’éditorial d’Échos du Nord sonne comme un électrochoc. Loin d’un simple pamphlet, il acte la faillite morale d’une transition promise à la refondation mais tombée dans les travers du contrôle absolu. Une plume, une phrase, un verdict : le 27 septembre 2025, la rupture s’est trahie elle-même.
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