Du plastique au papier : le Gabon prêt pour le grand virage écologique ?

C’est une véritable transition qui s’opère au Gabon. En effet, les sacs plastiques à usage unique sont désormais interdits sur le territoire national, conformément à la loi n°009/2024 du 5 août 2024. Une décision salutaire qui vise à lutter contre la pollution plastique et à préserver l’environnement. Mais une question demeure : les citoyens gabonais sont-ils prêts à coopérer ?

Depuis des décennies, le sachet plastique fait partie intégrante des habitudes des populations. Pratique pour les courses, les effets personnels ou encore les cérémonies, il s’est imposé comme un véritable allié du quotidien. Dans les foyers, il sert même souvent de sac-poubelle, preuve de sa place incontournable dans la société gabonaise. Pourtant, pour les autorités, il est temps que cette mauvaise habitude cesse.

Les spécialistes de l’environnement rappellent que le plastique contient des perturbateurs endocriniens capables d’interférer avec le cycle hormonal et d’être potentiellement cancérigènes. Non biodégradable, sa durée de vie est estimée à plus de 400 ans. Légers et facilement dispersables, les déchets plastiques polluent massivement les sols et les océans. Une étude publiée en 2024 par l’Institut supérieur environnemental en France révèle d’ailleurs que de nombreux oiseaux, mammifères et poissons meurent chaque année après avoir ingéré du plastique.

Une transition complexe pour les populations ?

Face à cet impact désastreux, la mesure entrée en vigueur le 23 septembre 2025 au Gabon s’inscrit comme un pas décisif vers la protection de l’environnement. Toutefois, sa mise en œuvre risque d’être délicate. Comment convaincre une personne âgée, habituée à son légendaire sachet plastique, de passer à l’emballage papier ? Autre défi, le coût. Dans certaines grandes surfaces, les nouveaux sacs écologiques sont vendus entre 100 et 650 Fcfa selon la taille. En plus du budget pour s’alimenter, il faudra désormais prévoir un budget supplémentaire pour le sac lui-même. 

De quoi décourager certains consommateurs déjà fragilisés par le coût de la vie. Face à cela, un retour aux paniers artisanaux d’antan jadis prisés par les femmes sur les marchés pourrait bien devenir une alternative locale et durable. Mais pour que cette transition réussisse, encore faut-il qu’elle tienne compte des réalités économiques et sociales du pays.