Port-Gentil : 15 ans de prison pour un père coupable de tentative de viol sur sa fille et sa nièce

Jugé le 24 juillet 2025 par la Cour criminelle siégeant à Port-Gentil, Jesse Mandoukou Mougara a été reconnu coupable de tentative de viol sur mineures de moins de 18 ans et atteinte aux mœurs sur sa propre fille biologique et sa nièce. Les faits, d’une gravité extrême, ont conduit à une condamnation de 15 ans de réclusion criminelle, dont 5 avec sursis, assortie d’une amende d’un million de FCFA.
Alors que le Gabon multiplie les discours sur la protection des droits de l’enfant, cette affaire met crûment en lumière les violences sexuelles perpétrées dans le huis clos familial, trop souvent tues. Le verdict rendu à Port-Gentil vient ainsi rappeler que l’inceste, crime profondément destructeur, reste une réalité trop présente dans nos sociétés.
Une double agression au sein du cercle familial
Selon les éléments du dossier, les faits remontent à mars 2021. Jessica (nom d’emprunt), fille biologique du mis en cause, alors en visite chez son père durant les vacances intermédiaires, est contrainte de partager le lit conjugal, faute de chambre disponible. Contre toute attente, l’homme tente d’abuser sexuellement d’elle en pleine nuit. L’adolescente parvient à se dégager.
Deux jours plus tard, c’est au tour de la nièce, également mineure, de faire l’objet d’attouchements alors qu’elle fêtait son anniversaire. Son oncle, prétextant vouloir lui remettre 5 000 francs CFA, s’introduit dans sa chambre et s’allonge à ses côtés, avant de commencer à la caresser. Les deux jeunes filles trouvent la force de dénoncer les faits à leurs mères respectives, qui porteront immédiatement plainte.
Une reconnaissance des faits à la barre
À l’audience, Jesse Mandoukou Mougara a reconnu les faits. Le procureur général, estimant que l’accusé représentait une menace grave pour les mineures de son entourage, a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle. La défense, assurée par Me Mvono Edzo, a tenté de faire requalifier les faits en agression sexuelle, arguant d’une « bonne conduite » en détention préventive et sollicitant des circonstances atténuantes.
Après délibération, la Cour a retenu la tentative de viol sur mineure et l’atteinte aux mœurs. Elle a condamné Jesse Mandoukou Mougara à 15 ans de prison dont 5 assortis d’un sursis, en plus d’une amende d’un million de FCFA, en application des articles 256, 257 et 26 du Code pénal.
Une affaire révélatrice d’un fléau silencieux
Ce verdict, bien que significatif, relance le débat sur l’ampleur des violences sexuelles intrafamiliales au Gabon. Dans un pays où l’inceste reste tabou, les victimes peinent souvent à obtenir justice. « C’est l’omerta autour de ces crimes qui permet leur reproduction », déplore une source judiciaire à Port-Gentil.
Au-delà du traitement pénal, la société gabonaise devra encore progresser dans l’accompagnement psychologique des victimes et dans la mise en place de mécanismes de prévention efficaces. L’affaire Jesse Mandoukou Mougara appelle à une vigilance renforcée de tous les acteurs — institutions, familles, éducateurs — pour briser le silence, protéger les enfants et garantir que justice soit rendue sans concession.
GMT TV