Dialogue national : 30 partis politiques dénoncent des allures de monologue programmé
Alors que les préparatifs du Dialogue national s’accélèrent, des irrégularités ne cessent d’être mises en lumière par de nombreux acteurs politiques et organisations. Dernière en date, la sortie publique ce samedi 30 mars d’une coalition de 30 partis politiques, réunis autour de la Plate-forme Vision 2025, coordonnée par Hervé Patrick Opiangah, qui dénonce notamment les contours liés à l’organisation de cet événement crucial pour l’avenir du Gabon.
A trois jours de l’ouverture des assises du Dialogue national, l’unité qui a jusque-là caractérisé le processus de transition est peut-être sur le point de voler en éclats. Et pour cause, des dénonciations d’un dialogue national « aux allures de monologue programmé », selon la terminologie du porte-parole de la coalition des 30 formations politiques, Bonaventure Nzigou Manfoumbi, président du Front d’égalité républicaine (FER).
Gouvernement et CTRI à la fois juge et partie
C’est l’une des récriminations formulées par la coalition conduite par Hervé Patrick Opiangah. En effet, en plus de dénoncer la trop grande présence des membres du CTRI « et ses affidés » dans la liste des membres retenus, Vision 2025 regrette que le gouvernement et le CTRI participent aux assises, avec voix délibérative tout en disposant d’une voix délibérative. « Nous constatons avec désapprobation que ceux qui sont censés mettre en application ces résolutions deviennent à la fois juge et partie », a indiqué Bonaventure Nzigou Manfoumbi, avant de s’interroger « Quelle valeur allons-nous donner à cette concertation biaisée d’avance pour la préservation des intérêts inavoués ? ».
Par ailleurs, la coalition des partis politiques s’interroge sur les critères retenus par le gouvernement, dans la désignation des représentants des partis politiques. « Comment comprendre que certains leaders de partis politiques soient retenus et pas d’autres ? Nous nous interrogeons sur les critères ayant prévalu à leur désignation au détriment d’autres », s’est interrogé le porte-parole de Vision 2025. Un constat qui a conduit ce regroupement de partis politiques à y voir un « grand risque que le Dialogue national devienne non inclusif et sans souveraineté ».
Une participation au dialogue avec droit de réserve
C’est en somme la conclusion à laquelle sont parvenues les 30 formations politiques, après avoir démonté tour à tour ce qu’elles considèrent comme une « concertation biaisée d’avance ». En effet, si Hervé Patrick Opiangah, porté à la tête de cette coalition par ses pairs, a réitéré « l’engagement républicain » de Vision 2025 à prendre part aux assises, cette participation ne sera pas sans conditions.
« Nous allons nous réserver le droit de nous retirer du dialogue si et seulement si, les irrégularités que pointe Vision 2025 ne sont pas prises en compte […]. Nous irons quand même, mais à partir du moment où nous avons interpellé l’opinion nationale et internationale, nous nous réservons le droit, en fonction de ce qui se fera, de nous retirer et nous donnerons les raisons de notre choix », à d’ores et déjà prévenu le leader de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS). Rappelons que le Dialogue national qui s’ouvre le 02 avril prochain verra la participation de 580 personnes représentant différentes composantes de la société, dont 104 issus des partis politiques. Lesquels ont été désignés par le gouvernement.