Comptes de campagne : Bilie-By-Nze résiste à la Cour des comptes et dénonce une dérive institutionnelle

Mis en demeure de produire ses comptes de campagne par la Cour des comptes, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et candidat arrivé deuxième à la présidentielle du 12 avril 2025, oppose une fin de non-recevoir juridique cinglante. En soulevant une exception d’inconstitutionnalité, il dénonce une tentative d’extension illégitime des compétences de la juridiction financière. Un affrontement à haute valeur symbolique dans la jeune Vème République.
C’est un épisode inédit qui secoue le paysage politico-institutionnel gabonais. Par une sommation datée du 16 juillet 2025, la Cour des comptes, sous l’impulsion d’Alain‑Christian Iyangui, a intimé à Alain-Claude Bilie-By-Nze de produire ses comptes de campagne dans un délai de huit jours. Une initiative juridiquement audacieuse, politiquement suspecte, et dont la portée dépasse largement le simple contrôle budgétaire.
Une sommation à l’allure de mise en scène politique
En invoquant l’article 141 de la loi organique sur la Cour des comptes et les articles 371 et 373 du nouveau Code électoral, la juridiction entend s’ériger en régulateur des dépenses électorales privées. Mais Alain-Claude Bilie-By-Nze, fin juriste et homme d’État chevronné, démonte l’argumentation avec une froideur redoutable. Dans un mémoire lapidaire de deux pages, il invoque une exception d’inconstitutionnalité fondée sur l’article 133 de la Constitution, qui limite expressément les compétences de la Cour au contrôle des finances publiques.
« Aucun fondement constitutionnel ou organique ne permet donc d’étendre la compétence de la Cour des comptes au contrôle de dépenses électorales privées », assène-t-il, dénonçant une violation manifeste de la légalité et de la hiérarchie des normes.
Une tentative d’instrumentalisation que Bilie-By-Nze refuse d’endosser
Sous couvert de légalité, la Cour chercherait-elle à créer un précédent dangereux ? C’est tout l’enjeu de la réponse cinglante de l’ancien Premier ministre, qui refuse d’ouvrir une brèche où l’arbitraire institutionnel pourrait s’engouffrer demain. En invoquant la Constitution, Bilie-By-Nze ne se défend pas seulement : il protège l’ordre républicain contre les dérives de juridictions tentées par l’hypertrophie de leurs prérogatives.
Dans un pays encore en construction institutionnelle, ce bras de fer résonne comme un test démocratique. Et force est de constater que Bilie-By-Nze, loin de fuir ses responsabilités, oppose à la brutalité d’un acte administratif la fermeté du droit. Loin d’un repli défensif, c’est un geste de souveraineté politique assumé, celui d’un homme d’État qui refuse de se laisser instrumentaliser par une lecture hasardeuse de la légalité.
GMT TV