CEEAC : Kigali claque la porte, accusant la RDC de manipulation régionale

À l’issue du 26e sommet ordinaire de la CEEAC tenu à Malabo, le Rwanda a officiellement annoncé, ce samedi 8 juin 2025, son retrait de l’organisation régionale. Motif invoqué : l’instrumentalisation présumée de la Communauté par la République démocratique du Congo (RDC), avec la complicité de certains États membres, au détriment des textes constitutifs de la CEEAC.
Dans un communiqué tranchant, le gouvernement rwandais dénonce « l’ignoble manœuvre » visant à lui refuser la présidence tournante de l’organisation, pourtant prévue par l’article 6 du traité constitutif. Une présidence qui devait revenir à Kigali, après celle de la Guinée équatoriale. Pour Kigali, l’attitude de Kinshasa et le mutisme des autres capitales « confirment l’échec de l’organisation à faire respecter ses propres règles ».
Un contentieux ancien entre Kigali et Kinshasa
Ce n’est pas la première fois que le Rwanda proteste contre ce qu’il considère comme une mise à l’écart orchestrée. Déjà en mars 2023, Kigali avait saisi l’Union africaine après avoir été exclu du 22e sommet de la CEEAC à Kinshasa, sous la présidence congolaise. Depuis, les tensions n’ont cessé de croître.
La crise a atteint son paroxysme lors du sommet de Malabo, où la désignation d’un nouveau président de la Conférence des chefs d’État s’est heurtée au véto de la RDC. Cette dernière, selon une source diplomatique, aurait elle-même menacé de quitter l’organisation si le Rwanda accédait à la présidence tournante.
La question du M23 en toile de fond
La rupture entre les deux pays s’inscrit dans un contexte régional tendu, marqué par les violences dans l’Est congolais. À plusieurs reprises, la CEEAC a condamné le soutien présumé de Kigali au mouvement rebelle M23, actif dans le Nord-Kivu. En février 2025, l’organisation avait même exigé « le retrait immédiat des Forces de défense rwandaises du territoire congolais ».
Pour Kigali, ces accusations et prises de position biaisées confirment que la CEEAC est devenue « un instrument politique » au service d’intérêts partisans. « Nous ne pouvons rester dans une organisation qui foule aux pieds les principes de neutralité, de souveraineté et d’équité », soutient un haut responsable rwandais cité par The New Times.
Un nouveau front diplomatique pour l’Afrique centrale
Ce retrait intervient alors que la Communauté est déjà fragilisée par des défis de coordination sécuritaire, de cohésion politique et d’efficacité institutionnelle. Il jette une ombre sur l’intégration régionale, au cœur du thème du sommet : « Consolider les acquis de la réforme de la CEEAC pour accélérer l’intégration régionale ».
Une rencontre conjointe des chefs d’État de la SADC et de la CAE est annoncée pour ce 8 juin à Dar es Salaam afin de tenter une relance diplomatique autour de la crise congolaise. Mais le retrait du Rwanda de la CEEAC pourrait bien redéfinir les équilibres géopolitiques dans la région.
GMT TV