Campagne référendaire anticipée : l’opinion divisée
Oui par si, Oui par là, depuis les étapes nynoise et altogovéenne du chef de l’Etat et son appel à voter en faveur du Oui au référendum constitutionnel, une partie de la classe politique et de la société civile s’est alignée comme un seul homme, allant pour certains jusqu’à engager des campagnes de terrain. Une situation incompréhensible pour d’autres, qui dénoncent un non sens.
C’est une clarification qui mérite d’être apportée aux Gabonais afin de situer les uns et les autres sur les avancées du processus référendaire. En effet, si les déclarations du chef de l’Etat lors de ses tournées républicaines ont levé le voile sur une campagne référendaire qui se menait dans l’ombre à la fois par certains partisans du NON et par les tenants du OUI, les Gabonais sont les premières victimes de cette cacophonie.
Où est passé le projet rédigé par le Comité constitutionnel national ?
C’est la question à mille inconnues qui devrait pourtant permettre de mettre un terme au débat qui anime la vie politique à une période de l’année où l’activité politique est souvent morose. Quoi qu’il en soit, si les partisans du OUI justifient cette campagne anticipée par une nécessité de « mettre un terme à l’intoxication des réseaux sociaux et de certains acteurs politiques », qui mèneraient en sourdine une campagne pour le Non, comme l’a affirmé Marc Ona Essangui le 15 juillet dernier, certains plus mesurés renvoient dos-à-dos les deux camps « je trouve un peu démagogique cette campagne anticipée (…). Restaurer les mentalités consiste à ramener les populations à la norme et cela implique qu’elles doivent se prononcer en connaissance de cause », a indiqué l’acteur de la Société civile, Geoffroy Foumboula, qui est loin d’être le seul à défendre cette position.
Pour les Gabonais de la rue que nous avons rencontrés, c’est l’argument de la connaissance préalable du texte qui ressort « Je ne suis pas d’accord à l’idée que les Gabonais doivent se positionner maintenant sur la question du référendum. On devrait me semble-t-il d’abord mettre à la disposition des Gabonais le contenu du texte », nous a confié Barris, un entrepreneur du BTP. « Ceux qui appellent à voter OUI s’appuient certainement sur les brides sorties du Dialogue national et cela peut se comprendre. Mais pour ma part, il serait raisonnable de mettre le texte à la disposition des Gabonais », a rétorqué Wilfried.
Notons qu’un Comité constitutionnel national a été mis en place en mai dernier afin de rendre un projet de Constitution au chef de l’Etat sous un mois. Depuis lors, l’opinion se demande si le général Brice Clotaire Oligui Nguema est déjà rentré en possession de ce précieux sésame. Quoi qu’il en soit, selon le Dr. Jean Delors Biyogue, le calendrier du référendum accuse du retard puisqu’il estime que l’heure devrait déjà être à la mise en place de l’Assemblée constituante.