Brice Laccruche Alihanga : « Sylvia m’est progressivement apparue un peu paranoïaque, voire bipolaire »
Considérée dans la mémoire collective gabonaise comme la régente du régime du président déchu Ali Bongo Ondimba, la première dame Sylvia Bongo Ondimba n’était pas en odeur de sainteté auprès des ex-collaborateurs de l’ancien chef de l’Etat. C’est notamment le cas de l’ancien directeur de cabinet du président de la République Brice Laccruche Alihanga qui, lors d’une interview accordé au journal Jeune Afrique ce mardi 30 janvier, a décrit cette dernière comme une personne souffrant quelque peu de troubles mentaux.
Au cours de cette interview fleuve, le fondateur de l’Association jeunes émergents volontaires (AJEV) est longuement revenu sur son rôle dans la gestion de l’Etat notamment en qualité de directeur de cabinet du président de la République. Ainsi, il a laissé entendre que malgré ce positionnement, sa supposée main mise était clairement édulcorée au sein de l’opinion nationale et qu’il n’était, comme plusieurs collaborateurs de l’ancien chef de l’Etat, qu’un simple exécutant.
« J’ai rapidement découvert un système de captation des ressources, de relations entre familles, de réseaux obscurs similaires à ceux qui existent, d’ailleurs, dans de nombreux pays du continent. J’ai perçu très rapidement qu’au sommet de la hiérarchie le couple Ali et Sylvia Bongo Ondimba exerçait un contrôle total », a-t-il révélé. Poursuivant son récit, Brice Laccruche Alihanga a laissé entrevoir qu’au lendemain de l’Accident vasculaire cérébrale d’Ali Bongo Ondimba survenu en octobre 2018, c’est sa famille et plus particulièrement son épouse qui tenait les leviers du pouvoir.
Sylvia Bongo, marraine du cartel Bongo après l’AVC d’Ali Bongo
Il faut d’ailleurs souligner, sans risque de se tromper, que dans l’opinion Sylvia Bongo Ondimba a toujours eu un réel ascendant sur le reste de l’ancienne famille présidentielle. On se rappelle d’ailleurs des informations faisant état de son refus de voir la famille biologique de l’ancien chef de l’État de lui rendre visite, laissant entrevoir un véritable verrouillage après la maladie de ce dernier. Des signes patents d’un machiavélisme sournois corroboré d’ailleurs par Brice Laccruche Alihanga.
Ce dernier a souligné que durant cette période où il l’a côtoyait elle lui est apparue « progressivement telle que tout le monde la décrivait à Libreville : un peu paranoïaque, voire bipolaire ». « Cela m’a semblé être toujours le cas lors de notre confrontation, le 11 octobre 2023, au cours de laquelle elle a daigné me reconnaître », a-t-il déclaré. Dans la foulée, il n’a pas manqué de se dédouaner concernant la gestion du pays à cette époque révélant que « la famille présidentielle, au sens nucléaire du terme, était à l’origine de toute décision, qu’elle soit politique, financière ou sécuritaire » et qu’il n’a « jamais eu un droit de regard dans le domaine de la sécurité ».