Blocage des paiements à la CDC : entre silence et opacité, un manque criard de transparence
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Deux semaines après la réception du courrier de Gabon Media Time demandant des éclaircissements sur l’exécution des ordres de paiement, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) n’a toujours pas fourni de réponse. Un silence troublant. Si l’hypothèse d’un manque de liquidités avait été avancée, une autre réalité semble émerger : l’argent est bien disponible, mais il serait immobilisé dans des placements financiers à terme, rendant les décaissements immédiats impossibles.
Selon une source proche de la CDC, la situation ne serait pas celle d’une crise financière, mais plutôt d’une gestion des liquidités. « Il ne s’agit pas d’un problème de trésorerie, mais de l’indisponibilité immédiate des fonds. Une grande partie des liquidités est probablement placée à terme dans d’autres institutions bancaires. Cela signifie que l’argent est là, mais qu’il ne peut être débloqué instantanément sans pénalités pour la CDC », a-t-elle confié sous anonymat.
En clair, la CDC aurait misé sur des placements financiers, ce qui complique l’exécution immédiate des paiements demandés par le gouvernement. Un choix stratégique, certes, mais qui entre en contradiction avec le rôle premier de l’institution : assurer la disponibilité des fonds publics pour répondre aux besoins de l’État.
Le gouvernement pris de court
Cette situation a de lourdes répercussions sur l’action gouvernementale. Plusieurs projets, notamment Agropag, qui vise à renforcer l’autosuffisance alimentaire du Gabon, avaient été directement impactés par ces blocages. D’où l’exaspération du Premier ministre Raymond Ndong Sima, qui s’était exprimé avec fermeté lors de son passage sur Gabon 1ère le 29 janvier dernier. « Allez demander à la CDC combien de fois j’ai donné des ordres de paiement et que les paiements n’ont pas été exécutés. Combien de fois ? Allez-y ! », avait-il dénoncé.
Un message clair du Premier ministre de la Transition qui souligne l’urgence de la situation et le besoin de contrôler de manière efficiente la gestion financière de la Caisse des dépôts et consignations pour éviter qu’à l’avenir ces blocages ne paralysent le dynamisme de l’action gouvernementale.
Un silence qui en dit long et des soupçons qui s’amplifient
Dans sa lettre datée du 11 février 2025, la rédaction de Gabon Media Time avait interpellé l’Administrateur Directeur Général de la CDC, Marius Nkori, afin d’obtenir des clarifications sur les blocages dénoncés par le Chef du Gouvernement. L’institution financière avait répondu par un courrier signé du Directeur Général Adjoint, Angelique Nzang Nzoghe, indiquant que la requête était « en cours d’examen » et que « les services compétents ne manqueront pas de prendre attache dans les meilleurs délais » avec Gabon Media Time. Mais depuis, silence radio.
Si cette gestion des fonds peut être justifiée par des considérations financières, l’absence de réponse officielle de la CDC alimente les spéculations. Pourquoi l’Administrateur Directeur Général (ADG) Marius Nkori, pourtant destinataire du courrier de Gabon Media Time depuis le 11 février, n’a-t-il pas donné de suite concrète à cette sollicitation ?
Certains observateurs estiment que cette posture pourrait cacher une volonté de temporiser et d’éviter un débat public sur la gestion des liquidités de l’institution. « Si la CDC n’a rien à cacher, pourquoi ne pas répondre directement et expliquer clairement les raisons du retard dans le décaissement des fonds et pourquoi ils n’avaient pas été immédiatement disponibles ? », s’interroge un acteur financier de la place.
Pour de nombreux observateurs, le refus de Marius Nkori d’exécuter les ordres de paiement est une manière d’affirmer une certaine autonomie face au gouvernement. Certains vont plus loin en estimant que l’ADG de la CDC, réputé proche du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, bénéficie d’une protection qui le rendrait intouchable.
GMT TV