Baccalauréat: les candidats musulmans privés de «Aïd el kébir»
À l’orée des épreuves du baccalauréat session juillet 2021, il est une évidence c’est que les candidats musulmans à l’obtention de ce précieux sésame seront privés de cette fête faisant partie intégrante des piliers de l’Islam. Et pour cause, le directeur général des examens et concours, Joachim Ondjila Ognele, a confirmé le calendrier des épreuves écrites et orales qui devront se dérouler à compter du mardi 20 juillet 2021, au mépris du principe constitutionnel de laïcité qui fonde la décision du ministre de la fonction publique de rendre cette date fériée.
Si le ministre du Travail Madeleine Berre a annoncé que la journée du mardi 20 juillet prochain sera fériée,chômée et payée, non récupérable, en raison de la fête musulmane de l’Aïd el kébir, trivialement appelée « fête du mouton », les candidats au Baccalauréat seront bien dans les salles de classe. En effet, révélant le calendrier arrêté pour le déroulement des examens de fin d’année, le directeur général des examens et concours a indiqué qu’il n’y aura aucune exception faite aux obédiences religieuses.
« Nous respectons la foi des musulmans, mais nous ne pouvons pas modifier le calendrier des épreuves. Une modification du calendrier, même d’un jour, risque de provoquer un effet domino », a souligné Joachim Ondjila Ognele. Ainsi donc, pendant que les musulmans du monde célèbreront cette fête pieuse du sacrifice, ceux du Gabon seront contraints de faire fi de cette obligation coranique. Une perspective peu enthousiasmante pour les concernés. « Si le Baccalauréat était à Pâques, est-ce que les chrétiens seraient forcés de composer ? », s’est questionné un candidat au lycée, Mohamed Arissani.
Une interrogation qui prend tout son sens dans la mesure où la décision du ministre du Travail et de la Fonction publique devrait être opposable à tous. Et ce, au nom de la laïcité qui est un principe constitutionnel. D’ailleurs l’article 7 de la loi fondamentale gabonaise dispose que « tout acte portant atteinte à la forme républicaine, à l’unité, à la laïcité de l’État, à la souveraineté et à l’indépendance, constitue un crime de haute trahison puni par la loi ». En ordonnant un dépassement de ce principe, le Pr. Patrick Mouguiama-Daouda n’est-il pas coupable de haute trahison ?
Afin d’éviter un deux poids deux mesures, ne faut-il pas une dérogation expresse afin que les candidats musulmans mais aussi les personnes ressources mobilisées pour le déroulement de cet examen puissent observer pieusement cette fête sainte ? Pour l’heure on en est loin. Pour le ministre de l’Education nationale, les épreuves écrites commenceront le mardi 20 juillet 2021 dès 8 heures avec l’épreuve d’éducation physique et sportive pour les candidats inaptes. Dès 14 heures, tous les candidats de la série B entreront en lice.
Pour information, l’Aïd-el-Adha commémore la soumission d’Ibrahim à Dieu, vers 2000 avant Jésus-Christ. Dans son prêche publié en 2014 sur le site de la Grande mosquée de Paris, le grand mufti Djelloul Bouzidi précisait « il s’agit du sacrifice d’Ismaël par son père Ibrahim, par soumission à l’ordre divin et par obéissance absolue, à la suite de l’inspiration reçue dans un songe ». En commémoration de cet épisode, les fidèles sacrifient donc un animal – le plus souvent un mouton, mais parfois aussi une chèvre ou un bovin. C’est dire la portée symbolique de cette fête que s’apprêtent à rater les candidats musulmans.