Afrique : le coup d’État, la solution militaire face aux dirigeants atteints du syndrome d’Hubris ?
Ces dernières années, l’Afrique de l’Ouest et du Centre a connu une vague inédite de coups d’État. Du Mali au Gabon en passant par la Guinée Conakry, Niger et Burkina Faso, la pathologie du remplacement a pris forme. À chaque fois, les colonels et capitaines putschistes justifient leur intervention par la dérive autoritaire, la corruption endémique et surtout l’« hubris » des présidents civils traduit par la volonté de tripatouiller la Constitution pour s’éterniser au pouvoir.
Pour cerner cette situation complexe établie en routine, il est judicieux de comprendre la notion de « syndrome d’Hubris ». En clair, il s’agit d’une ivresse du pouvoir qui rend le dirigeant sourd aux réalités et aux souffrances de son peuple. Une attitude qui semble ainsi devenue l’argument moral préféré des militaires pour légitimer la rupture du fil constitutionnel. Pourtant, l’histoire africaine est remplie de précédents qui invitent à la plus grande prudence. Moussa Dadis Camara, qui renversait Lansana Conté en Guinée en 2008 en promettant une transition exemplaire. La suite est connue de tous.
Les militaires au pouvoir, une garantie fragile pour la démocratie !
Dans son œuvre intitulée « Le syndrome d’Hubris dans les arènes politiques africaines », le Dr. Steeve Nzegho Dieko décortique la question en proposant une approche du pouvoir politique et démocratique en scrutant le nationalisme et le relativisme. Un autre cas d’école est Idi Amin Dada qui, après avoir chassé Milton Obote en Ouganda en 1971 au nom de la lutte contre la corruption, instaura 8 ans de terreur absolue. Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila, Sékou Touré, Jean-Bedel Bokassa, Eyadéma Gnassingbé, la liste est longue des officiers qui, ayant dénoncé l’autocratie de leurs prédécesseurs.
Ces derniers ont reproduit voire aggravé les mêmes vices une fois au palais. Aujourd’hui, Assimi Goïta au Mali, Abdourahamane Tchiani au Niger répètent le même discours. « Nous ne sommes pas venus pour nous éterniser ». Mais les transitions traînent, les juntes s’installent dans les ors du pouvoir, les médias sont muselés, les opposants arrêtés et les élections sans cesse repoussées. Le néo-régime militaire ressemble déjà étrangement à l’ancien régime civil qu’il prétendait corriger. Ainsi, le coup d’État peut-il donc être une thérapie contre l’Hubris présidentiel ?
L’expérience montre que le militaire qui prend le pouvoir par les armes développe très vite la même pathologie, parfois pire, car légitimée par la force des fusils. L’Afrique a besoin de garde-fous institutionnels solides, de justice indépendante, de société civile vigilante et de culture démocratique profonde, non de cycles perpétuels où un autocrate en uniforme remplace un autocrate en costume-cravate. Le peuple, lui, ne change jamais de place et demeure toujours en bas de l’échelle, spectateur fatigué d’un éternel recommencement.








GMT TV