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Xénophobie et développement : l’avertissement de Daniel Mengara aux dirigeants africains

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Alors que plusieurs capitales africaines rêvent de « devenir comme Dubaï » ou d’« imiter le Qatar », le Pr. Daniel Mengara, président du Congrès des Citoyens Libres et ancien fondateur du mouvement Bongo Doit Partir, alerte sur une contradiction majeure : ces pays, si souvent cités en modèles par nos dirigeants, n’auraient jamais atteint leur niveau de prospérité en cultivant la xénophobie.

Quand Dubaï et le Qatar deviennent des modèles fantasmés. Dans une tribune publiée sur le site Congrescitoyen.org, l’universitaire et opposant gabonais relève l’obsession récurrente des élites africaines pour Dubaï et le Qatar, fréquemment cités comme des références de développement. « On a même entendu Brice Clotaire Oligui Nguema du Gabon, dans une de ses crises de fantasmagorie, vanter Dubaï, disant que les Gabonais veulent des gratte-ciels comme à Dubaï et c’est ce qu’il va leur offrir », écrit Daniel Mengara.

Pourtant, rappelle-t-il, ces économies florissantes reposent largement sur la présence massive d’étrangers. Au Qatar, 88,4 % de la population est composée d’expatriés, contre seulement 11,6 % de citoyens qataris. À Dubaï, près de 90 % des habitants sont des étrangers, les nationaux ne représentant que 10 à 15 %.

Développement et ouverture : une leçon ignorée

Le paradoxe est frappant : les pays les plus admirés pour leurs infrastructures et leur prospérité sont aussi ceux qui ont le plus misé sur l’intégration d’étrangers dans leur tissu économique. Le revenu par habitant y atteint 121 000 dollars PPA au Qatar et 81 680 dollars aux Émirats Arabes Unis, des niveaux supérieurs ou équivalents à ceux des grandes puissances occidentales.

À l’inverse, souligne Mengara, nombre de pays africains, dont le Gabon, oscillent entre fantasme d’imitation et politiques intérieures où la xénophobie devient un outil de gouvernance. « Les dictateurs et incompétents qui n’ont aucune solution pour les souffrances – causées par eux-mêmes – de leurs peuples ont toujours utilisé la xénophobie comme arme de distraction massive », tranche-t-il.

Un appel à rompre avec les faux-semblants

Alors que le Gabon s’apprête à vivre de nouvelles échéances électorales et que les discours de rupture occupent le devant de la scène, la mise en garde de Daniel Mengara vient rappeler une évidence : on ne construit pas un « Dubaï africain » en rejetant l’autre ou en instrumentalisant les frustrations sociales, mais en posant des bases solides de gouvernance, d’ouverture et d’investissement.

La tribune, acérée, pose une question dérangeante aux élites gabonaises : pourquoi continuer à rêver d’un modèle étranger, tout en perpétuant des pratiques politiques qui sabotent les conditions mêmes du développement ?

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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