Willy Ontsia: «ce nouvel emprunt est le signe d’une dégradation de la situation financière de l’Etat gabonais»
Ce mercredi 19 mai 2021, l’Etat gabonais a lancé un emprunt monétaire par émission de bons du trésor assimilable (BTA) par voie d’adjudication pour un montant de 15 milliards F.cfa via le marché des titres de créances négociable gérée par la Direction Nationale de la BEAC.
Emise par la Direction Générale de la Comptabilité Publique (DGCP), cet emprunt à court terme désigné « Bon du Trésor à 13 semaines » est amortissable « in fine » c’est-à-dire que le principal sera remboursé à l’échéance à la date du 20 août 2021 et les intérêts seront précomptés sur la valeur nominale des bons émis.
Jusqu’à la date limite du mercredi 19 mai 2021, ces bons (BTA) pourront être souscrits auprès des spécialistes en valeur du trésor (SVT) tels que les guichets de la BGFIBank, d’UGB ou de la BICIG.
Ces titres émis par le Trésor Public gabonais seront directement admis comme collatéral au refinancement de la BEAC, cette caractéristique accroît l’attractivité de cet instrument financier rentable et peu risqué d’où leur intérêt pour les banques de la zone CEMAC qui les souscrivent pour placer leur liquidité oisive.
Cette émission de bons du trésor peut également être souscrite par les entreprises et les particuliers par l’intermédiaire des guichets des institutions financières et bancaires susmentionnées.
Il s’agit ici d’un emprunt de trésorerie qui a pour objet de permettre à l’Etat gabonais de combler son besoin de financement à court terme c’est-à-dire l’écart entre les dépenses et les recettes courantes prévisionnelles.
Il est certain que l’Etat gabonais souffre d’une crise de liquidité induite par la récession économique relative à la baisse du prix du pétrole en plus les effets de la pandémie de covid-19. Cette crise de liquidité a été sans nul doute accentuée par la grève des régies financières qui perdure.
C’est pour cette raison que l’Etat gabonais négocie un nouveau programme d’ajustement structurel avec le FMI afin de bénéficier d’un nouveau prêt qui lui permettrait de renflouer structurellement les finances publiques.
En attendant l’intervention du FMI, le Gabon a recours à des mécanismes de financements d’appoint tels que l’émission des bons et des obligations du trésor sur le marché monétaire et financier de l’Afrique centrale.
Dans tous les cas, techniquement, ce nouvel emprunt émis par la Direction Générale du trésor est le signe d’une dégradation de la situation financière de l’Etat gabonais.
Willy Ontsia, Expert financier
ex banquier d’affaires du Groupe BGFI