Vincent N’toutoume-Emane : «Le CTRI guidant le peuple Gabonais vers une élection apaisée»

La nuit commençait à mourir. Elle était claire et les étoiles constellaient la haute voûte céleste. Il était cinq heures du matin ce jour-là quand le coup de la libération a retenti. Les lumières des navires au large et celles des chalets de la Pointe Denis luisaient et clignotaient. Les premières détonations des armes brisèrent l’avare silence de la nuit. La volupté du vent, qui grossissait en venant du large sévissait, et claquait en s’engouffrant dansles feuillages des badamiers et des cocotiers du bord de mer, qui se mettaient à murmurer ensemble comme des êtres humains, se demandant ce qui se passait dans Olamba si doux. Les flots grisâtres de l’Estuaire du Gabon, dont la forme des rives donna le nom Gabao par le décret de l’histoire à notre cher et beau pays, ondulaient mollement, transformant leur doux clapotis en mélodie. L’aube au sourire d’émail se leva lentement, parfois un éclair métallique scintillait, cisaillait l’empyrée accompagné d’un tonnerre feutré. Les étoiles commencèrent à disparaître. L’astre du petit matin, cercle jaune blafard, or livide et blême, grimpait avec indolence au zénith en dissolvant le brouillard qui se transformait en perles sur les branches des cocotiers et des badamiers qui ornent le boulevard du bord de mer face au palais, avant de s’engouffrer dans l’aire des terres chaudes des quartiers populaires de Beyok. L’étoile d’or qui montait à l’Orient devint volumineux. C’était magnifique de voir cet astre s’allumer. C’était beau de voir sa clarté s’étaler, ajustant à son arc d’or, ses flèches obliques veinées comme du marbre de carrare.
Une longue et fiévreuse journée synonyme d’essor vers la félicité commença et devint splendide, après le discours des militaires sur l’esplanade du palais du bord de mer. C’était le jour béni, c’était le 30 Août 2023, jour de l’ivresse, jour de la renaissance de la liberté, longtemps ignorée, longtemps oubliée mais retrouvée. C’était le coup de la libération, de la nation sans artifices.
Mon Général, grâce à votre courage, le Gabon a vu jaillir son espoir rouillé du rocher du désespoir, de l’effroi du néant, de l’étreinte oppressante de la mal gouvernance. Ce que nous avions n’était que spectre infernal aussi noir que la souffrance de l’enclume de vulcain. Le corps saint et vigoureux de notre Gabon pays de nos ancêtres, était atteint par un mal politique profond, par un dépérissement de
la loi, par une glaciation de nos Institutions. Notre Gabon n’était plus fier et debout.
Mon Général, vos frères d’armes et vous-même aviez le choix entre le respect des institutions existantes et le péril de vos vies. Vous avez choisi de risquer votre vie, pour libérer notre pays,sans une goutte de sang farouche versée qui étiole la vie. Vous êtes l’homme du destin, notre destin national. Le Gabon a toutes les chances, plus une : Vous mon Général aujourd’hui notre président.
Excellence Monsieur le Président, votre nom composé, à lui tout seul est symbolique. NGUEMA : N(noble), G (généreux), U(utopiste), E(épique) M(mignon ), A(angélique). Nguéma : en Fang le lion symbolise la bravoure, la puissance, la force, le courage. Oligui, d’autre part, veut dire aussi en obamba et en téké, refus de l’arbitraire, de l’injustice selon les définitions sémantiques du langage de nos ethnies. Rien n’a pu vous arrêter. Vous êtes un patriote.
Le mot patrie, comme nous rappelle la sociologie et l’anthropologie politique critique, malgré les définitions opaques et enchevêtrées, porte en lui-même une composante mythico-affective : il commence par un masculin paternel porteur d’une autorité indiscutable, et se termine par un féminin maternel, porteur d’amour suprême pour la mère patrie. Le mot patrie dit l’attachement indéfectible à la nation et le sacrifice volontaire de sa propre vie pour les siens. Vous étiez, avec vos frères d’armes
les symboles de l’espoir de toute une nation, lorsque l’aube peignait le ciel des premiers rayons dorés du noyau incandescent, l’incarnation de cette définition de la patrie. Lorsque MOUBINGO (le soleil en fang et en myènè), dans sa course irrésistible vers le couchant, atteignit en se dépêchant avec lenteur,
le haut de la coupole, la clairvoyance conjuguée de nos compatriotes, se transforma en un ouragan de cris de jubilation, qui colonisa le ciel profond d’un bleu intense de Gabao.
Cette émotion joyeuse se déchaîna dans leurs cœurs, et le peuple tout entier, se mit à pousser des cris de joie voluptueux qui grondaient dans une ambiance survoltée, aspirée par une force impétueuse, insensible à l’azur attendri, à l’azur qui triomphait, à l’azur vorace, à l’azur qui riait belle et indolente du coup de la libération, qui devait donner naissance au CTRI (Comité de transition pour la restauration des institutions). Cette Institution va se heurter à un véritable nœud Gordien, constitué d’un grand nombre de problèmes multiformes à résoudre pour enclencher à nouveau la marche vers la félicité : la durée de la transition ; le dialogue national inclusif ; le référendum qui va donner naissance à notre nouvelle constitution ; les problèmes économiques et sociales, du pays ( dette intérieure et extérieure ;rachat de la SNBG, rachat d’ASSALA Energie et les actifs de TULLOW ; la revalorisation des retraites, la restauration des bourses des étudiants la rénovation des lycée, des universités, les casernes des forces de défense et de sécurité, les cités administratives, en particulier, la cité de la démocratie, les routes. Cette litanie de travaux herculéens, a eu pour bouquet final une élection présidentielle apaisée, un véritable plébiscite, une référence désormais en Afrique francophone et en particulier et en Afrique.
Comme Alexandre Le Grand qui trancha le fameux nœud Gordien, le CTRI,sous votre haute inspiration, est allé droit au but, sans hésiter pour résoudre toutes ces difficultés. En un peu plus d’un an les résultats sont là comme peuvent en témoigner les cieux.
Monsieur le Président, notre panthère de flamme, que les lumières du Maitre des Cieux, ce foyer incandescent et celles des mannes de nos ancêtres, de nos sages d’en bas, vous éclairent en toutes circonstances. Le Gabon, notre si beau pays est désormais fier et digne d’envie. Le flambeau que vous détenez pour cet objectif est divin. Les Gabonais savent que pour vous, l’amour de notre pays c’est le cri de l’aurore de Gabao, c’est l’essor vers la félicité, c’est l’hymne de l’azur équatorial, c’est l’ivresse de nos forêts, de leur faune et de leurs flores exceptionnelles, de nos fleuves en particulier de sa sérénissime Ogooué accompagné de ses onze affluents : Abanga, Ivindo, la Lassio, la Lékoni, la Léyou, la Lolo, la M’passa, la Ngounié, Offoué, Okano, la Sébé, de nos lacs, Azingo, Oguemoué, Zilé, Alombié de nos montagnes : Iboundji, Koumounaboual, les monts de Cristal, véritable tours de granite perçant l’éther à la beauté subliminale, en un mot, de la nature de notre cher GABAO, symbole de l’Eden sur terre. Ces quelques phrases sont en filigranes, la seule possibilité que j’avais ainsi que mes chers compatrioties pour vous dire merci. Que l’éternel vous couvre de ses immenses grâces. Lévè lè wé ,Abora ,Akéwa ,Kibé ,Diboti ,Akiba …..
N’toutoume-Emane Vincent
Docteur en monnaie finance et banque
Enseignant vacataire à l’UOB
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