Valentin Leyama : « les ministres par intérim, une invention magique »
Un mois après l’ajustement gouvernemental ayant introduit le cumul de portefeuilles ministériels à titre intérimaire, la controverse ne faiblit pas au sein de la classe politique gabonaise. Après les critiques sévères de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, c’est au tour, ce 14 décembre, de Jean Valentin Leyama, ancien député de la Transition, de monter au créneau. Il dénonce une gouvernance qu’il assimile à une mise en scène institutionnelle, évoquant notamment les blocages persistants dans certains ministères, où des cabinets sortants tardent, voire refusent, de transmettre les dossiers aux ministres chargés d’assurer l’intérim.
Dans une sortie remarquée, Jean Valentin Leyama n’a pas mâché ses mots pour qualifier la situation actuelle. Pour lui, le fonctionnement du gouvernement relève davantage d’une « pièce de théâtre » que d’une organisation rationnelle de l’État. Il pointe une confusion entretenue entre démissions formelles et maintien de fait dans les rouages du pouvoir, créant un flou administratif préjudiciable à l’action publique. Cette situation, selon lui, affaiblit la crédibilité de l’exécutif et accentue le sentiment d’improvisation dans la gestion des affaires publiques, au moment même où le pays est censé se projeter vers une nouvelle phase institutionnelle.
Une architecture gouvernementale juridiquement fragile
Au cœur de la critique formulée par Jean Valentin Leyama se trouve la notion même de « ministre par intérim », qu’il qualifie sans détour de « d’invention magique ». Une formule qui résume, selon lui, l’incohérence juridique actuelle. La Constitution, rappelle-t-il, ne reconnaît pas explicitement ce statut, limitant de facto l’étendue des pouvoirs de ces responsables appelés à gérer uniquement les affaires courantes. Une situation qui paralyse la prise de décision et ralentit le traitement des dossiers stratégiques pour l’administration.
Entre cabinets officiellement démissionnaires mais toujours actifs, et ministres intérimaires aux prérogatives limitées, l’appareil administratif fonctionne en mode dégradé. Pour Jean Valentin Leyama, cette configuration ne saurait perdurer sans nuire à la performance publique et à la confiance des gabonais. Il appelle à une clarification rapide des règles de gouvernance et à une application rigoureuse des textes, estimant qu’un pays ne peut se construire durablement sur des arrangements provisoires et des interprétations extensives de la Constitution.









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