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Université Marien Ngouabi : scandale de plagiat, le CAMES appelé à ses responsabilités !

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Accusé d’un plagiat massif dans sa thèse doctorale, l’honorable Henri Zoniaba Ayimessone se retrouve au cœur d’une controverse qui ébranle l’Université Marien Ngouabi et interpelle directement le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). Au-delà d’un cas individuel, c’est l’intégrité du système universitaire africain qui est mise à l’épreuve.

L’affaire fait grand bruit dans les milieux académiques congolais et au-delà. Le plagiat présumé, qualifié de « flagrant » par plusieurs universitaires, reproché à l’honorable Henri Zoniaba Ayimessone dans le cadre de sa thèse doctorale, a ouvert un débat profond sur la rigueur scientifique, la responsabilité des encadreurs et la crédibilité des institutions universitaires africaines. Selon les éléments recueillis, plus de 80 % du manuscrit incriminé reprendrait, sans attribution conforme, des travaux du professeur Abraham Constant Ndinga Mbo et de l’historien Pierre Oba.

Une situation d’autant plus sensible que la définition du plagiat, telle que rappelée par le CAMES, est sans ambiguïté : il s’agit de « l’utilisation non créditée d’une œuvre, d’une idée ou d’un résultat de recherche d’une autre personne ». Si les faits sont établis, les conséquences académiques et disciplinaires pourraient être lourdes, tant pour l’auteur de la thèse que pour l’institution qui l’a validée.

Le rôle trouble de la direction de thèse

Au centre des interrogations figure également le directeur de thèse, le professeur Abraham Constant Ndinga Mbo. Ce dernier a adressé une lettre visant à défendre son doctorant, document aujourd’hui brandi par l’intéressé comme un argument de légitimation. Mais cette prise de position suscite l’incompréhension d’une partie de la communauté universitaire. Comment s’interrogent plusieurs enseignants-chercheurs, un universitaire chevronné, ancien doyen de la faculté des Lettres de l’Université Marien Ngouabi et figure respectée du champ historique congolais, a-t-il pu laisser passer un travail dont la similitude avec des œuvres existantes « crève les yeux » ?

Des analyses informelles réalisées à l’aide de logiciels anti-plagiat évoquent un taux de similitude supérieur à 80 %, largement au-dessus des seuils généralement tolérés par les universités, souvent fixés entre 20 % et 30 %. Même des ouvrages emblématiques de Pierre Oba, ancien acteur discret de missions diplomatiques sensibles en Afrique du Sud dans les années 1980, auraient été repris sans citation adéquate.

Des précédents africains et internationaux sans complaisance

Ailleurs sur le continent et dans le monde, des cas similaires ont donné lieu à des sanctions sévères. En Afrique du Sud, l’Université du Cap (UCT) a annulé en 2019 une thèse de doctorat après un audit révélant plus de 70 % de contenu plagié, entraînant l’exclusion de l’étudiant et le retrait du diplôme. L’Université de Pretoria a suivi une ligne tout aussi ferme en 2021, retirant un doctorat quelques mois après la soutenance.

Au Kenya, l’Université de Nairobi a suspendu en 2018 une doctorante et exigé la réécriture complète de sa thèse après la détection d’un taux de similitude de 58 %. Au Nigeria, l’Université d’Abuja est allée plus loin en annulant un diplôme et en engageant une action civile, après avoir établi qu’environ 80 % du contenu provenait d’une publication étrangère non citée. Même des institutions d’enseignement supérieur d’Afrique centrale ont déjà procédé à des retraits de titres doctoraux pour plagiat avéré, parfois assortis de poursuites pénales pour violation du droit d’auteur.

Une épreuve de vérité pour l’Université Marien Ngouabi et le CAMES

Dans les universités structurées, le traitement de telles affaires obéit à des procédures claires : saisine d’une commission d’éthique, analyse technique via des logiciels spécialisés (Turnitin, iThenticate), audition des parties, puis décision proportionnée à la gravité des faits. À défaut d’une réponse institutionnelle rigoureuse, c’est la crédibilité de l’établissement et celle du CAMES qui se trouvent engagées.

À ce stade, le silence de l’honorable Henri Zoniaba Ayimessone, qui n’a pas répondu aux sollicitations, contraste avec l’ampleur des accusations. Pour de nombreux observateurs, l’Université Marien Ngouabi n’a plus le luxe de l’atermoiement. En l’absence de sanctions disciplinaires et académiques conformes aux standards internationaux, le dossier pourrait remonter au niveau du CAMES, avec des conséquences potentiellement irréversibles.

Au-delà du cas individuel, cette affaire pose une question centrale : l’enseignement supérieur africain est-il prêt à affronter, sans complaisance, les dérives internes qui minent sa crédibilité ? La réponse attendue de Brazzaville pourrait bien faire jurisprudence.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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