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Transition au Gabon : un PDGiste président de l’Assemblée constituante 

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Pris par décret n°0358/PT-PR/MRI du 09 septembre 2024 instituant l’Assemblée constituante et fixant ses attributions, sa composition et son fonctionnement, la configuration de son bureau ne manque pas de faire couler encre et salive. Et pour cause, Jean François Ndongou, a été désigné pour présider cette institution collégiale ad hoc alors qu’il est membre actif du Parti démocratique gabonais (PDG) renversé du pouvoir par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). 

Mise en place par le général-président de la transition avec pour tâche la rédaction, ou l’adoption, de la nouvelle Constitution devant tracer le squelette du fonctionnement de tout le pays après des années de gestion scabreuse ponctuée de tripatouillage de la loi fondamentale par le système Bongo-PDG, l’Assemblée constituante a désormais un organigramme de fonctionnement. Une pyramide au sommet de laquelle se trouve l’ancien ministre de l’Intérieur et membre du PDG Jean-François Ndongou.

De la fin du régime à la fusion avec ses cadres !

Si dans un entretien accordé à notre confrère TV+, Maître Anges Kevin Nzigou, avocat au barreau du Gabon et secrétaire exécutif du Parti pour le changement (PLC), pointait du doigt la décoration de ceux que le Comité pour la transition et la restauration des institutions a identifié le matin du coup d’État du 30 août 2023 comme le mal du pays, nul n’était capable d’imaginer que 12 mois après les bourreaux deviendraient des acteurs très actifs de « la restauration des institutions ». Le scénario est de nature à peindre une image du vice rit au nez de la vertu. 

Comment expliquer que l’annonce faite par la douzaine de militaires apparue sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24 pour annoncer « la fin du régime en place » se soit soldée par un partage ce pouvoir qui a mis à terre le pays ? La consécration de cette anomalie révolutionnaire a été rendue patente par le décret n°0358/PT-PR/MRI du 09 septembre 2024 instituant l’Assemblée constituante et fixant ses attributions. On peut allègrement constater une volte-face peu reluisante pour les assoiffés de libertés.

Jean François Ndongou : ce bourreau devenu héros sous la transition !

Dans son article 6, le décret n°0358/PT-PR/MRI du 09 septembre 2024 établit que le bureau de l’Assemblée constituante est présidé par « le Président de l’Assemblée nationale de la Transition ». Il s’agit de l’ancien député de Mandji, membre du Parti démocratique gabonais (PDG), dont les Gabonais avaient souhaité la dissolution au terme du dialogue national, le tristement célèbre pour avoir acté la victoire très contestée de 2009 d’Ali Bongo Ondimba lors des élections présidentielles anticipées face à l’opposition André Mba Obame. 

Une victoire à la Pyrrhus tant les observateurs internationaux ont décrié le processus électoral mêlé aux tueries orchestrées par le pouvoir afin de réaliser un passage en force. Port-Gentil en a payé le lourd tribut. Difficile dès lors de comprendre que Jean François Ndongou qui, à la lecture du texte susmentionné, « assure la police des débats et le maintien », soit désormais le garant des travaux aussi importants pour le devenir de notre jeune démocratie. Comment l’après Gabon peut-il être coordonné par l’un de ses destructeurs ? Le syndrome de Stockholm à son paroxysme ! 

Les hommes de Dieu uniquement bons pour le DNI ?

Le commun des Gabonais avait applaudi de deux mains la désignation de Monseigneur Patrick Iba-ba en qualité de coordonnateur général des travaux du Dialogue national inclusif (DNI). Si les conclusions n’ont pas toutes été accueillies avec faste, il reste que le choix porté sur un homme de Dieu jouissant d’une caution morale certaine était opportun. Si nul n’est saint, il est indéniable que l’archevêque de Libreville a fait l’unanimité. Un essai qui aurait dû guider l’orientation des décideurs dans la composition de cette institution collégiale.

Pourquoi changer l’équipe qui gagne au profit de l’équipe qui aura échoué pendant 14 ans à développer le Gabon et ce, malgré des slogans pompeux comme « l’émergence d’ici 2025 » et autres ambitions financées à coup de milliards de FCFA par le contribuable ? Une question qui mérite une réponse de l’exécutif de la transition qui risque fort de saborder l’action qu’il entend implémenter avec le référendum à venir.  Si les critiques étaient déjà fortes autour des nominations de certains PDGsites, ce profil dérangeant, pourrait sonner le glas des espoirs de ceux qui, le matin du 30 août 2023, avaient adoubé le CTRI et sa vision reconstructive d’un Gabon qui expérimente désormais son essor vers la félicité. 

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