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Thierry Dzime: «notre grande innovation à Baloon est l’entière digitalisation de la souscription»

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Il est indéniable que le numérique occupe depuis plusieurs années une place importante dans le développement des entreprises. C’est le cas notamment dans le secteur de l’assurance? Dans une interview accordée à Gabon Media Time, Thierry Dzime, Directeur Général de Baloon Assurances au Gabon, premier courtier digital revient sur les défis auxquels l’insurtech est confrontée et les perspectives pour cette entreprise qui a fait de l’inclusion sociale par le Digital son cheval de bataille.

Gabon Media Time : Pouvez-vous nous décrire la genèse du projet Baloon : A quels besoins répond votre offre digitale ?

Thierry Dzime : L’idée de Baloon est née d’un constat  : le taux de pénétration de l’assurance en Afrique subsaharienne est malheureusement très bas et se situe autour de 2% en Afrique francophone. Nous avons donc analysé les causes de cette situation et avons développé une solution technologique et humaine pour répondre à la plupart des freins existant. C’est-à-dire dans les grandes lignes :

Une solution à la portée de tous (sans barrière géographique, culturelle ou financière). Une solution apportant sécurité et transparence pour rétablir la confiance entre assurés et assureurs. Une solution humaine pour accompagner, conseiller les assurés. Ainsi est donc née la première filiale Baloon en Côte d’ivoire en 2017, puis au Sénégal, au Cameroun, au Niger et depuis peu au Gabon. Nous sommes donc la dernière filiale la plus récente du Groupe en attendant le déploiement dans d’autres pays dans les années à venir., même s’ il faut dire que Baloon compte ouvrir dans de nouveaux pays d’afrique francophone sous peu.

Comment avez-vous transformé l’expérience de l’assurance au Gabon? Parvenez-vous à maintenir un bon suivi client et permettre une prise en charge et indemnisation rapide des sinistres, ce qui est un sujet majeur chez bon nombre d’assurés et qui est la cause principale de la défiance qu’il peut y avoir vis-à-vis des produits d’assurance ?

Notre grande innovation est l’entière digitalisation de la souscription en proposant aux prospects de s’assurer en 3 photos sans saisie d’information. Nous avons développé un parcours client ultra simple, l’internaute obtient un tarif en téléchargeant la photo de sa carte grise. Les offres et les garanties sont détaillées de manière simple et à l’aide d’icônes pour être comprises par tous, y compris une population non avertie (ce qui est fréquemment le cas sur notre marché).

On supprime donc les barrières géographiques et éducatives, tout se fait à distance, le paiement se fait par mobile money, la signature est électronique et l’attestation est livrée où le souhaite l’assuré. C’est une véritable révolution sur notre marché qui est très traditionnel.

En clair, que l’on soit à Libreville ou dans le village le plus reculé de notre pays, on a dorénavant accès aux produits d’assurance sans avoir à se déplacer. A travers nos chiffres, on réalise bien qu’on apporte du réconfort à beaucoup de personne qui vivaient dans des zones jusqu’à présent privés de bureaux d’assurance ou d’intermédiaires en assurance.

Cette digitalisation n’empêche pas un suivi personnalisé, nous avons à notre siège principal situé au centre-ville de Libreville une équipe  qui informe, aide à souscrire et gère les sinistres quand ils surviennent. Nous avons mis en place différents canaux de communication adaptés aux contraintes locales que les clients apprécient particulièrement. De plus, l’un de nos engagements est le remboursement rapide des sinistres par les compagnies d’assurance et nous ne transigeons absolument pas sur cette promesse.

Comment avez-vous intégré l’intelligence artificielle Big Data dans votre parcours de souscription ? Avez-vous établi un système de scoring pour évaluer les risques que présente un client ?

Bien sursûr. La R&D représente 40% du budget IT et innover en permanence pour améliorer le service est une priorité.Nous  sommes même allé plus loin et avons intégré ces nouvelles technologies dans le process de souscription, c’est ce qui nous permet aujourd’hui de proposer une souscription en 3 photos grâce à la reconnaissance, à la lecture automatique des documents (RAD-LAD) et à nos algorithmes mais cela nous permet aussi de contrôler automatiquement les valeurs de véhicules déclarées voir de les suggérer en fonction de la marque, du modèle et de l’année du véhicule.

Le processus est ultra sécurisé grâce à la signature électronique et le coffre-fort électronique, les documents sont authentifiés et conservés de manière numérique.

Tout est traçable par la compagnie comme le client jusqu’au paiement par mobile money, ce qui évite la fraude.

De plus, nous avons développé récemment un outils de gestion de parc automobile qui permet aux entreprises, en plus de gérer et suivre leur contrat d’assurance, de suivre et gérer en temps réel les sinistres, et grâce à nos algorithmes suivre la consommation en carburant et détecter les anomalies. Tout cela permet ainsi aux entreprises plus de sécurité, possible avec l’indice de conduite qui permet de détecter les comportements à risque et réduire les causes d’accident et , mais aussi surtout l’optimisation par la maitrise des coûts liés aux assurances.

Baloon travaille en partenariat avec d’autres startups et favorise le développement de l’écosystème tech en s’engageant auprès d’incubateurs et en formant des développeurs en interne. 

Comment s’est passée l’implantation au Gabon ?Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés  au Gabon ?

Nous avons lancé Baloon au Gabon en février 2020. En tant que courtier  nous travaillons avec différentes compagnies d’assurance du marché. C’est Axa la première à nous avoir fait confiance au Gabon et nous venons de lancer un nouveau partenariat avec Sanlam pour leur offre digitale. L’activité a démarré quasi simultanément avec l’arrivée du covid-19 sur notre continent, ce qui a plutôt été une aubaine pour nous car nous avons pu observer une forte appétence pour les services digitaux pendant cette période. Alors que les assureurs « traditionnels » avaient fermé boutique, nous avons développé notre activité.

Pour ce qui est des défis, le Gabon, comme tous les pays du marché CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance qui regroupe 14 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale ) n’est pas un pays avec une culture de l’assurance. Nous avons donc un “taux de pénétration” qui est très faible. Au Gabon ce taux est de moins de 3% . En comparaison la moyenne mondiale est de 6.3%. C’est là où notre innovation par notre approche 100% digital a été déterminante. Au Gabon, le taux de pénétration pénétration d’Internet est très élevé, l’un des plus élevés d’Afrique dD’ailleurs. Tout le monde a de plus en plus accès, et facilement, à Internet. La plupart des Gabonais ont un smartphone et un compte mobile money. Cette donne fait de notre solution un instrument d’inclusion sociale par l’assurance. 

Il est vrai que l’aspect traditionnel et l’image négative dont sont souvent victime à tort ou à raison parfois les assureurs demeurent un challenge. Il y a tout un travail de pédagogie  en amont pour faire comprendre à nos compatriotes que c’est important de s’assurer, que l’assurance ne sert pas qu’à passer les contrôles de police. L’assurance est encore trop abstraite dans les esprits, personne ne se dit que cela protège les enfants quand on les emmène à l’école par exemple ou protéger sa maison et ses biens, que l’on soit propriétaire ou locataire.

Pour pallier cela, nous  consacrons beaucoup de temps à sensibiliser et nous cherchons à donner la formule la plus adaptée à chacun.Par ailleurs, nous avons mis en place des services spécifiques. Ainsi, le client a le droit au remorquage 24h/24, 7j/7 partout au Gabon, ainsi qu’accès à nos conseillers à tout moment que ce soit par appel ou via Whats app. De plus Le remboursement des sinistres est effectué dans un délai de trois mois. C’est tous ces aspects là qui font prendre conscience au client que l’assurance, cela n’est pas qu’un bout de papier. C’est un vrai service.

Quel bilan faites vous de ces premièrs mois de Baloon au Gabon?

Très satisfaisant. Nous ne sommes pas encore à l’équilibre bien sûr, mais nous sommes fiers de compter après à peine moins d’1 an déjà plus de 1700 clients, dont 40% qui n’étaient pas assurés avant. Il s’agit donc d’une vraie création de valeur. De plus, notre taux de renouvellement est très élevé ce qui signifie que nos clients sont satisfaits de notre service. Du côté des assureurs, il y a une prise de conscience de la necessité de se digitaliser ; ce qui nous laisse encore de bonnes perspectives de partenariats futurs. 

Gabon Media Time

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