Gabon : le retard, une tare sociale institutionnalisée !
Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, et particulièrement au Gabon, la notion de ponctualité semble avoir été reléguée au rang de détail insignifiant. Arriver avec plusieurs minutes, voire plusieurs heures de retard à un rendez-vous, à une réunion ou à l’ouverture d’un service public n’est plus perçu comme une incorrection, mais comme une habitude banalisée, presque culturellement acceptée. Ce laxisme, loin d’être anodin, traduit un manque criant de respect envers autrui et révèle une nonchalance profondément ancrée dans les pratiques sociales et administratives.
L’administration publique gabonaise est la parfaite illustration du mépris vis-à-vis de la ponctualité au poste. Dans les régies financières ou les banques, les guichets censés accueillir les usagers dès 7h30 ou 8h du matin n’ouvrent bien souvent leurs portes qu’aux alentours de 10h. Et là c’est quand ces derniers ouvrent. À Libreville, renouveler un passeport ou une carte d’identité relève du parcours du combattant. Que dire des rendez-vous avec les ministres, directeurs généraux ou hauts fonctionnaires se transforment systématiquement en longues attentes dans des couloirs silencieux, où le temps semble suspendu.
L’heure du Gabonais, une invention maladive !
Pour justifier cette désinvolture collective, une expression revient régulièrement. « Le travail du Blanc ne finit pas. ». Pour traduire le fait que l’administration héritée de la colonisation est un rouage perpétuel qui tournera avec ou sans nous, alors pourquoi se presser ? Ce postulat est réducteur et dangereux. Puisqu’il consacre la procrastination comme vertu et fait du retard une forme de résistance salvatrice à un système importé. Or, une telle philosophie est incompatible avec toute forme de compétitivité. Mais à y voir de près, le sommet de l’État donne malheureusement le mauvais exemple. Lorsque les plus hautes autorités considèrent les délais et les horaires avec une certaine désinvolture, il devient difficile d’exiger la rigueur des échelons inférieurs.
Tout logiquement le phénomène percole jusqu’au plus profond de la société où on a des parents qui déposent leurs enfants en retard à l’école, des employés qui arrivent après la sonnerie, des commerçants qui ouvrent leur boutique quand bon leur semble. Sous d’autres cieux, « l’heure, c’est l’heure », au Gabon, c’est souvent « l’heure gabonaise » qui prévaut. Pour ainsi dire que le retard est assumé, parfois même revendiqué. À l’heure où l’Afrique du Sud, le Maroc, le Rwanda ou encore le Kenya affichent des progrès notables en matière de gouvernance et d’efficacité administrative, le Gabon reste enlisé dans des pratiques qui freinent son décollage. Ayons le courage de nous le dire, le respect du temps n’est pas une simple question de politesse, c’est un levier de productivité. Oui, la « 5e République » doit absolument rompre avec cette culture du retard. Le changement de mentalités passe par l’exemplarité avec des ministres à l’heure, des administrations qui ouvrent à l’heure dite. Seule une discipline collective permettra de transformer l’heure gabonaise en heure universelle, celle du progrès et de l’efficacité.








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