Session criminelle spéciale 2025 : 4 accusés décédés avant leur jugement !
La session criminelle spécialisée de l’année judiciaire 2025, ouverte le 10 novembre au palais de justice de Libreville sous une sécurité renforcée, vise à examiner 19 dossiers pénaux distincts impliquant au total 45 accusés. Contrairement à une idée répandue sur les réseaux sociaux, cette session ne se limite pas à l’affaire dite de la « Young Team », mais traite une pluralité de crimes graves instruits entre 2020 et 2023. Parmi ces 45 accusés, quatre sont morts en détention préventive avant d’avoir pu comparaître devant leurs juges, rapporte La Presse judiciaire.
Ces 4 cas, particulièrement choquants, illustre les conséquences dramatiques des lenteurs judiciaires endémiques au Gabon. En effet, ces quatre hommes, dont les identités n’ont pas encore été officiellement révélées par la Cour des céans, figuraient sur la liste initiale des prévenus appelés à répondre de chefs d’accusation lourds notamment association de malfaiteurs, vols à main armée, trafic de drogue ou encore homicide volontaire, selon les dossiers. Placés en détention provisoire il y a parfois plus de quatre ans, ils n’ont jamais connu le jour de leur audience.
Une détention préventive élargie aux conséquences irrémédiables
Les causes de leurs décès,maladies assurément liées à un suivi sanitaire approximatif, une récurrence en conditions de détention n’ont pas été précisées publiquement. Mais la question de la responsabilité de l’État dans la prise en charge des détenus est d’ores et déjà posée par plusieurs avocats et associations de défense des droits humains. Une chose est sûre la loi gabonaise n’autorise pas les jugements posthumes. Cependant, lorsque l’intérêt public ou la manifestation de la vérité l’exige, les co-accusés peuvent être jugés avec évocation d’un principal accusé décédé.
Notamment pour permettre la réhabilitation éventuelle de la mémoire du défunt ou pour que les coaccusés puissent être jugés dans un dossier complet. La Cour criminelle spécialisée, présidée par Jean Mexant Essa Assoumou, devra donc décider si ces quatre dossiers seront maintenus à l’audience ou si les procédures seront éteintes du fait du décès. Une situation inconvenante qui met en index les retards structurels du système judiciaire gabonais. Des instructions qui s’éternisent, des détenus oubliés pendant des années dans des prisons surpeuplées et insalubres, et une détention provisoire qui, trop souvent, se transforme en peine anticipée.
Certains avocats de la défense ont d’ailleurs annoncé leur intention de soulever, dès l’ouverture des débats, la violation des droits fondamentaux de leurs ex-clients et la possible responsabilité civile de l’État. Au-delà de ces quatre cas tragiques, la session 2025-2026 traitera donc 19 affaires distinctes, impliquant des faits aussi variés que des crimes économiques, des affaires de mœurs graves ou des règlements de comptes mortels. 41 accusés vivants comparaissent physiquement, certains après avoir passé plus de cinq ans derrière les barreaux sans jugement définitif.








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