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Sécurité routière : l’État face à ses responsabilités à l’épreuve des fêtes

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La baisse relative des accidents enregistrée en 2024 ne saurait masquer une réalité plus inquiétante : la route gabonaise demeure un espace de danger permanent. À l’approche des fêtes de fin d’année, la combinaison de comportements à risque, de contrôles insuffisants et de régulation défaillante expose à nouveau des milliers de vies.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En l’espace d’un an, le Gabon est passé de 1 526 accidents en 2019 à 3 748 en 2020, soit une hausse spectaculaire qui a marqué un tournant dramatique. Sur cinq ans, plus de 10 000 accidents ont été recensés, avec des centaines de victimes et des familles durablement endeuillées. Certes, 2024 affiche un recul statistique avec 1 928 accidents, mais cette amélioration fragile ne doit en aucun cas servir d’alibi à l’inaction. Car les facteurs de risque, eux, demeurent inchangés.


Jeunes conducteurs, locations et deux-roues : un cocktail explosif


À l’approche des périodes festives, les routes gabonaises voient affluer de nouveaux profils à risque. La location de véhicules par des jeunes conducteurs, parfois peu expérimentés ou animés d’un sentiment d’impunité, constitue un facteur aggravant majeur. À cela s’ajoute la montée en puissance des deux-roues, devenus omniprésents dans les centres urbains et périurbains.

Motos et scooters, souvent utilisés pour les livraisons ou comme moyen de transport personnel, circulent dans un environnement peu régulé. Casques absents, excès de vitesse, non-respect des priorités ou usage anarchique de la chaussée : l’ignorance, volontaire ou non, du Code de la route expose ces usagers à des accidents d’une extrême gravité. La cohabitation mal encadrée entre voitures et deux-roues transforme la route en zone de confrontation permanente.

Irresponsabilité au volant : l’angle mort de l’action publique

Les autorités elles-mêmes reconnaissent que près de 80 % des accidents sont dus aux comportements humains : vitesse excessive, alcool, téléphone au volant, fatigue. Ce constat, répété année après année, pose une question centrale : pourquoi ces pratiques persistent-elles avec une telle constance ?

Les contrôles existent, mais leur portée reste limitée. Plus grave, la régulation des activités connexes, comme la location de véhicules, demeure largement insuffisante. Aucun filtrage rigoureux des conducteurs, peu d’exigences en matière d’expérience ou de formation, et des sanctions rarement dissuasives. Du côté des deux-roues, l’absence de politique structurée de formation et de sensibilisation laisse prospérer une insécurité chronique.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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