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Sécurité routière au Gabon : l’urgence d’un sursaut collectif à l’épreuve des fêtes de fin d’année

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Malgré une légère baisse des accidents enregistrée récemment, le Gabon demeure confronté à une insécurité routière structurelle. À l’approche des fêtes de fin d’année, période à haut risque, les chiffres rappellent une réalité brutale : la route reste l’un des premiers facteurs de mortalité évitable dans le pays.

Le bilan routier gabonais continue d’interpeller. Entre 2015 et 2020, plus de 10 000 accidents ont été recensés, causant plus de 2 400 victimes, dont 363 décès. L’année 2020 a marqué un pic inquiétant avec une explosion des accidents, révélatrice d’un système de prévention fragile. Certes, les données récentes font état d’un recul relatif, avec 1 928 accidents en 2024 contre 2 056 en 2023. Mais cette amélioration statistique ne saurait masquer la persistance d’un danger quotidien.

À l’approche des fêtes de fin d’année, la pression sur le réseau routier s’intensifie. Déplacements familiaux, circulation nocturne accrue, multiplication des véhicules de location et usage massif des deux-roues composent un cocktail à haut risque. Dans de nombreuses zones urbaines et périurbaines, l’insuffisance d’éclairage public et la signalisation défaillante aggravent encore la situation.

Le facteur humain, cœur du problème routier

Selon les autorités en charge de la sécurité routière, près de 80 % des accidents trouvent leur origine dans les comportements humains. Excès de vitesse, conduite sous l’emprise de l’alcool, usage du téléphone au volant ou fatigue extrême demeurent les causes dominantes. Cette réalité confirme que, au-delà de l’état parfois dégradé des routes, la responsabilité individuelle reste déterminante.


La cohabitation difficile entre automobilistes et usagers de deux-roues constitue également un facteur aggravant. Motos de transport, livreurs et conducteurs occasionnels partagent des axes souvent inadaptés, dans un climat d’indiscipline routière généralisée. Le non-respect du Code de la route, parfois perçu comme une option plutôt qu’une obligation, transforme chaque déplacement en prise de risque.


Prévention, contrôle et corruption : un triptyque fragile


Les dispositifs de contrôle existent : patrouilles, radars, opérations de sensibilisation. Mais leur efficacité demeure limitée par des contraintes logistiques et humaines, et surtout par une tolérance sociale face aux infractions. À cela s’ajoute un facteur rarement assumé publiquement : la corruption, qui fragilise l’autorité de la règle et neutralise l’effet dissuasif des sanctions.

À l’heure des festivités, la sécurité routière appelle donc à un sursaut collectif. La vigilance individuelle, le respect strict des règles et la considération pour les autres usagers demeurent les leviers les plus immédiats pour sauver des vies. Sans une rupture franche avec les comportements à risque et les pratiques déviantes, les statistiques, même en légère baisse, continueront de cacher des drames humains évitables sur les routes gabonaises.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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