Sahel : le Burkina, le Mali et le Niger annoncent leur retrait de la Cour pénale internationale

Coup de tonnerre diplomatique : par un communiqué conjoint publié le 22 septembre 2025, l’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a annoncé son retrait de la Cour pénale internationale (CPI). Les trois pays, liés par un destin politique et sécuritaire commun, invoquent la nécessité d’« affirmer pleinement leur souveraineté » face à une juridiction qu’ils jugent défaillante.
Alors que leurs armées sont engagées dans une lutte de longue haleine contre le terrorisme, les dirigeants de l’AES affirment que la CPI a failli à sa mission première : juger les crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crimes de génocide et crimes d’agression. « La CPI s’est montrée incapable de prendre en charge et de juger ces crimes avérés », peut-on lire dans le communiqué.
Ce retrait, qualifié de décision « à effet immédiat » par les trois États, traduit une volonté assumée de rompre avec une justice internationale perçue comme inefficace et partiale.
Vers une Cour pénale sahélienne
Dans la foulée de cette annonce, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont indiqué travailler à la mise en place de « mécanismes endogènes pour la consolidation de la paix et de la justice ». Une Cour pénale sahélienne devrait ainsi voir le jour, chargée de traiter des crimes les plus graves commis sur leurs territoires respectifs.
Au-delà d’un geste juridique, il s’agit pour l’AES d’un acte de souveraineté et d’un message politique fort adressé à la communauté internationale : l’Afrique sahélienne veut juger ses propres drames selon ses propres normes.
Une rupture encadrée par le Statut de Rome
Toutefois, il convient de rappeler que, conformément à l’article 127 du Statut de Rome, le retrait d’un État de la CPI ne devient effectif qu’un an après la notification officielle auprès du Secrétaire général de l’ONU. Les trois pays sahéliens restent donc, pour l’heure, liés à leurs obligations internationales vis-à-vis de la Cour.
Cette décision marque néanmoins un tournant : pour la première fois, un bloc régional africain se retire collectivement de la CPI, renforçant l’idée d’une justice internationale fragmentée et relançant le débat sur la légitimité de la Cour en Afrique.
GMT TV