Sahara Marocain : Accra opère un virage diplomatique en faveur de Rabat

En annonçant son soutien officiel au plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental, le Ghana tourne la page de plus de 40 ans d’alignement sur la République arabe sahraouie démocratique. Cette décision marque un tournant géopolitique majeur en Afrique de l’Ouest et renforce la position diplomatique du Maroc sur le dossier saharien.
Le jeudi 5 juin 2025, à l’issue d’une rencontre officielle à Rabat avec Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, le chef de la diplomatie ghanéenne Samuel Okudzeto Ablakwa a annoncé que son pays considère désormais le plan d’autonomie marocain comme « la seule base réaliste et durable » pour parvenir à une solution au différend sur le Sahara occidental. Une position qui consacre un revirement de taille pour Accra, jusqu’alors favorable à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) depuis 1979.
Une rupture assumée avec la RASD
Ce changement d’orientation ne s’est pas fait du jour au lendemain. Dès le 6 janvier 2025, soit à la veille de l’investiture du président John Dramani Mahama, le ministère ghanéen des Affaires étrangères annonçait déjà la suspension des relations diplomatiques avec la RASD, signalant le début d’un réalignement stratégique. L’annonce du 5 juin en est donc la formalisation.
Pour le Maroc, cette reconnaissance supplémentaire vient conforter sa stratégie d’élargissement de la base de pays africains soutenant son plan d’autonomie. Elle intervient dans un contexte où Rabat capitalise sur ses leviers diplomatiques, économiques et agricoles, notamment en matière d’engrais et de sécurité alimentaire.
Coopération renforcée sur plusieurs fronts
Cette évolution diplomatique s’est accompagnée de la signature d’un mémorandum d’entente visant à renforcer la coordination politique entre le Ghana et le Maroc. Les deux pays envisagent désormais de faciliter la mobilité des personnes, avec à terme un objectif d’exemption de visas.
Sur le plan économique, Accra s’intéresse aux engrais marocains pour dynamiser la culture du cacao, colonne vertébrale de son économie agricole. Cette coopération pourrait aussi s’étendre au projet stratégique de corridor d’accès portuaire vers l’Atlantique destiné aux pays du Sahel enclavés, projet piloté par le roi Mohamed VI depuis 2023 et désormais soutenu par Accra.
Un repositionnement régional calculé
En reconfigurant sa position sur le Sahara occidental, le Ghana entend aussi redéfinir sa place dans l’échiquier diplomatique africain. En se rapprochant du Maroc, dont l’influence s’est renforcée au sein de l’Union africaine et à travers des partenariats économiques Sud-Sud, Accra pourrait espérer des retombées tant politiques qu’économiques.
Ce basculement de position constitue une victoire stratégique pour Rabat, qui continue de grignoter le soutien à la RASD, même parmi les États historiquement acquis à sa cause. Il traduit également une évolution des priorités diplomatiques dans une Afrique où les alliances deviennent de plus en plus pragmatiques et géoéconomiques.
GMT TV