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Rossatanga-Rignault : «Nous savons que nos frères de Guinée savent que cette Convention de Bata a bien été signée»

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Lors de la cérémonie officielle de présentation de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ), ce mercredi 28 mai 2025 au Palais du Bord de mer, le professeur Guy Rossatanga-Rignault, avocat du Gabon près la CIJ, a livré une allocution aussi éclairante que saisissante. À travers une analyse rigoureuse et un plaidoyer empreint de patriotisme, il a rappelé l’existence incontestable de la Convention de Bata de 1974, tout en appelant à la responsabilité diplomatique dans le règlement définitif du différend entre le Gabon et la Guinée équatoriale.

C’est dans un silence solennel que les plus hautes autorités du pays ont écouté le professeur Guy Rossatanga-Rignault revenir sur les fondements historiques et juridiques du différend opposant le Gabon à la Guinée équatoriale au sujet des îles Mbanié, Conga et Cocotiers. Mais au-delà de l’exposé technique, c’est une véritable leçon de patriotisme que l’universitaire a délivrée, en s’appuyant notamment sur la signature de la Convention de Bata, un document que le Gabon continue de considérer comme fondamental.

Une vérité historique non effacée par le droit

Dans son propos, l’avocat du Gabon à La Haye a fermement déploré que la CIJ n’ait pas reconnu la valeur juridique de la Convention de Bata, malgré une documentation abondante fournie par le Gabon. « Nous savons que nos frères de Guinée savent que nous savons qu’ils savent que cette Convention de Bata a bien été signée le 12 septembre 1974 chez eux », a-t-il martelé, déclenchant une onde d’émotion dans la salle d’apparat du Palais présidentiel.

Revenant sur les attendus de la CIJ, Rossatanga-Rignault a pointé les limites du raisonnement juridique adopté par les juges, lesquels se sont appuyés exclusivement sur la Convention coloniale franco-espagnole de 1900 pour délimiter la frontière terrestre. Une approche « juridiquement contraignante, mais historiquement déséquilibrée », a-t-il estimé.

Une séquence diplomatique s’ouvre

Sur les autres volets du litige – notamment la souveraineté des îles et la délimitation maritime –, le professeur a appelé à une gestion responsable et apaisée de la suite du processus. « Le droit ne dit pas tout, et il ne dit pas seul ce qu’il faut faire ensuite. Il revient désormais aux États d’agir avec discernement, dans un esprit de fraternité et de paix », a-t-il lancé, saluant en filigrane la maturité politique du Gabon face à une décision qu’il qualifie de « lourde, mais claire ».

L’appel final de Guy Rossatanga-Rignault aura été à la hauteur de la solennité du moment. « Nous ne sommes pas tenus de nous aimer. Mais j’ai la faiblesse de penser que nous sommes tous tenus d’aimer le Gabon », a-t-il conclu, sous les applaudissements nourris de l’assistance.

Dans ce discours devenu instantanément historique, l’intellectuel gabonais a non seulement rappelé l’évidence d’un acte passé sous silence, mais aussi esquissé les contours d’un dialogue futur fondé sur le droit, la mémoire et le patriotisme.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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