Révocation systématique des militaires indélicats: une mesure dangereuse pour la société?
Conformément à l’ordonnance n°007/PR/2010 du 25 février 2010, des sanctions disciplinaires allant du blâme à la révocation doivent être infligées aux militaires indélicats. Seulement, prises de manière systématique, ces mesures peuvent s’avérer dangereuses pour la société qui devrait désormais composer avec «des loups».
En matière de sauvegarde de l’ordre public, la loi n°004/98 portant organisation générale des forces de défense et de sécurité publique prévoit que les forces de défense sont classées en deux catégories à savoir la Gendarmerie nationale et la deuxième les Forces armées et Garde républicaine. Toutes ont l’obligation de former des agents publics exemplaires.
Pourtant, il est des brebis galeuses qui pour un abus d’autorité sur autrui, une inobservation de leurs obligations voire une bavure, se retrouvent radiées des rangs. Cette mesure est qualifiée de révocation. Son application vise à tamiser les bons éléments des mauvais. Seulement, doit-elle être prise de manière tous azimuts ou au cas par cas ?
La réponse coule de source, la révocation n’est pas toujours la solution idoine. Car, avant de prononcer cette mesure définitive et irrévocable, il faut peut-être se questionner sur l’origine du changement de comportement de l’agent. Le cas patent est l’agent de la Garde républicaine filmé dans un état d’ébriété. A-t-il toujours été ivrogne ?
Une question à laquelle ses proches répondent par la négative. Ainsi donc, il se pourrait que ce soit dans l’exercice de ses fonctions qu’il eut été traumatisé au point d’impacter son psychique. Le révoquer sans mesure d’accompagnement serait d’emblée livrer un loup dans un enclos d’agneaux, si la société est perçue comme telle.
Les agents publics en treillis sont exposés à des situations susceptibles de modifier leur perception de la société. Si la faute individuelle telle le vol, la négligence ne sont pas à oublier, il serait judicieux que ces indélicats soient maintenus et reformatés dans lesdits corps plutôt que d’être remis à la société avec des mentalités militaires qui se traduisent souvent par des heurts irréversibles.