Relations internationales : le Gabon au cœur d’un duel géostratégique entre les États-Unis et la Chine
Si la guerre économique opposant les États-Unis et la Chine semble relever principalement du domaine commercial, la question géopolitique n’est pas en reste, car celui qui veut dominer le monde doit maîtriser les infrastructures de communication. Une opposition perceptible ces dernières années en Afrique et particulièrement au Gabon où le projet de construction d’une base navale militaire chinoise à Port-Gentil dans la province de l’Ogooué-Maritime a vite fait de raviver les tensions.
Si pour l’heure cette guerre que se livre Pékin et Washington au Gabon se fait en sourdine, la multiplication de contacts avec les nouvelles autorités, arrivées au pouvoir lors du coup d’État du 30 août 2024, a de quoi susciter des questionnements. Actée verbalement lors de la visite d’État en avril 2023 de l’ancien président Ali Bongo Ondimba en Chine, le projet de stationnement de la Marine de l’Armée populaire de libération (MAPL) dans la cité pétrolière aura sans aucun de donner un avantage majeur à l’Empire du milieu sur le plan stratégique.
La construction d’une base navale militaire chinoise au cœur des tensions
Il faut dire que si ce projet se concrétisait, il aurait le mérite de saper l’influence des États-Unis, mais surtout française au Gabon et plus encore dans le golfe de Guinée. À noter qu’une présence de la Chine dans cet espace maritime permettrait à la 3ème puissance mondiale de s’étendre au-delà de ses eaux actuelles.
Une éventualité que prend au sérieux le pays de l’Oncle Sam qui considère l’Atlantique comme une zone maritime stratégique, car la présence militaire permanente de la Chine est perçue comme une menace sérieuse pour sa sécurité. C’est donc face à ce dilemme que les États-Unis feraient des pieds et des mains pour dissuader les militaires au pouvoir au Gabon de relancer ce projet.
Si en octobre 2023, le président américain Joe Biden avait dépêché son conseiller spécial Judd Devermont pour discuter du processus de Transition au Gabon, il est indéniable que ce dossier aurait été également évoqué avec le président du Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI) le Général Brice Oligui Nguema. Dernier fait en date de ce rapprochement de plus en plus pressant, la récente visite d’une délégation du programme de partenariat d’État du ministère américain de la Défense conduite par Lieutenant-Colonel Erik Sarson pour officiellement « explorer les possibilités de coopération, de partager les meilleures pratiques et d’identifier les domaines d’intérêt mutuel dans lesquels le Gabon et les États-Unis pourraient travailler ensemble ». Des gestes de bonne volonté qui pourraient motiver les autorités gabonaises à faire un choix définitif surtout que le silence sur ce dossier commencerait à être pesant.