Recettes fiscales : un manque à gagner de 163 milliards FCFA en 2024, alerte la Cour des comptes
Sur un objectif de 2970,2 milliards FCFA de recettes totales, l’État gabonais n’a collecté que 2806,6 milliards en 2024, soit un taux d’exécution de 94,5%. Ce déficit de 163,6 milliards FCFA traduit les limites du système fiscal national. La Cour des comptes déplore des lenteurs persistantes dans la mobilisation des ressources, notamment à cause d’exonérations trop nombreuses et d’un suivi irrégulier des grandes entreprises.
Les recettes fiscales, évaluées à 1781,5 milliards FCFA, ont constitué environ 63% du total, contre 37% pour les recettes non fiscales. Ce niveau reste insuffisant pour un pays dont la dépendance aux revenus pétroliers demeure forte. Par ailleurs, les restes à recouvrer (RAR) s’élèvent encore à 273 milliards FCFA, bien qu’en baisse par rapport à 2023 (531 milliards). Cette situation traduit une faiblesse chronique dans le recouvrement effectif des impôts et taxes dus à l’État.
La Cour pointe également du doigt les incohérences entre les chiffres fournis par la Direction générale du Budget, la Direction générale du Trésor et la Direction des Impôts. Ces divergences statistiques compliquent la lecture de la performance réelle et nuisent à la transparence. En parallèle, la fiscalité directe reste concentrée sur un nombre restreint de contribuables, ce qui rend le système vulnérable aux aléas économiques.
Selon la Cour, le problème est moins la faiblesse des taux d’imposition que celle du rendement fiscal réel. Les exonérations et niches fiscales coûtent chaque année des dizaines de milliards au Trésor public sans évaluation de leur impact économique. En 2024, plusieurs secteurs ont bénéficié de réductions de taxes exceptionnelles, sans effet mesurable sur l’investissement privé ou l’emploi.
A ce titre, la plus haute juridiction financière du pays recommande de renforcer les moyens techniques et humains des régies financières et d’étendre la base fiscale à de nouveaux secteurs (économie numérique, BTP, hydrocarbures locaux). L’enjeu étant d’accroître la résilience budgétaire et réduire la dépendance aux revenus pétroliers. Sans une réforme structurelle, les recettes continueront de stagner, compromettant les ambitions de développement du pays.








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