Projet CAFI: l’AFD demande des explications à Lee White sur des «dépenses inéligibles»
Le projet de Contrôle de l’Aménagement Forestier (CAF) financé par l’Agence française de développement afin d’appuyer l’administration gabonaise dans le suivi et le contrôle de la gestion forestière semble désormais avoir du plomb dans l’aile. Et pour cause, l’agence a récemment décidé de suspendre des contrats liés au fonctionnement de ce programme après le constat de non–justification des dépenses inéligibles et qui restent non remboursées. Des allégations pour sa part balayées d’un revers de la main par la partie gabonaise qui assure qu’il s’agit d’une malencontreuse divergence de vue.
C’est par le biais d’une correspondance adressée au ministre des Eaux et Forêts, de la Mer, de l’Environnement, Chargé du Plan climat et du Plan d’affectation des terres Pr. Lee White le 25 juin dernier que la directrice de l’AFD Laetitia Dufay a informé ce dernier de la suspension des contrats liés au fonctionnement du projet CAF. « Un projet financé grâce aux fonds mis à disposition du Gabon par la France dans le cadre de l’Accord de conversions de dette signé en 2008 ».
Motif de cette suspension, le non-remboursement des « dépenses inéligibles » et qui selon l’Agence française de développement obère le fonctionnement régulier dudit projet. Une situation qui aurait contraint la Direction générale de la dette à bloquer le renouvellement de la caisse d’avance avec pour conséquence le risque d’épuisement des fonds disponibles avec comme corollaire le non-paiement des salaires du personnel de l’UGP, le non-paiement des entreprises qui interviennent sur la composante infrastructures.
C’est donc face à ce constat que la directrice de l’Agence française de développement a tenu à attirer l’attention du membre du gouvernement. « Au regard de ce qui précède, si les dépenses inéligibles du CAF ne sont pas remboursées d’ici le 31 juillet 2021, nous proposons de prendre les mesures de sauvegarde qui s’imposent, à savoir la suspension du 1er août 2021 de tous les contrats liés au fonctionnement de l’UGP du Caf dont le budget annuel est de plus de 200 000 euros », indique Laetitia Dufay.
Une version des faits que ne semblent pas partager les autorités gabonaises qui assurent avoir donné des garanties à l’Agence française de développement afin que ledit projet se poursuive. Lors d’un entretien accordé à Gabon Media Time un responsable du ministère des Eaux et Forêts, tout en reconnaissant la véracité de la correspondance, a assuré qu’il n’était nullement question d’un détournement comme il se susurre dans l’opinion.
Evoquant l’aspect sur les “dépenses inéligibles” dans ce projet issu d’un accord de reconversion de dette, notre source explique qu’il s’agit de dépenses qui n’auraient pas reçu « l’avis de non–objection » conformément aux procédures de l’agence mais dont elle a été bien informée. « Lorsque nous menons des activités, il y a du financement qui doit respecter des procédures, dans les projets de l’AFD tout ce que vous dépensez vous leur demander la permission. Si par exemple nous avons une mission de terrain et que dans le projet il était dit que nous devrions payer le carburant dans les stations Petro Gabon, l’intérieur du pays étant dépourvu desdits stations mais c’est Total, quand vous effectuez la dépense si l’AFD n’est pas flexible elle va considérer la dépense comme inéligible », nous a-t-il confié.
Pis pour habiller nos agents, les responsables du projet auraient présenté des factures et assurer le paiement mais l’AFD aurait estimé que cette dépense n’était pas prévue dans le contrat rendant de ce fait cette dépense inéligible. Dans le même élan, notre source révèle même que l’actuel responsable de l’AFD aurait balayé d’un revers de la main la proposition du ministre des Eaux et Forêt Lee White sur le remboursement des dépenses jugées inéligibles. « Le ministre a adressé la correspondance le 21 juillet pour rassurer les partenaires sur la volonté du gouvernement de rembourser les dépenses jugées inéligibles soit un peu plus de 20 millions, mais 4 jours plus tard la responsable répond pour dire que si le Gabon ne rembourse pas, l’AFD suspend le projet le 1er août », a-t-il indiqué.
Autant d’éléments qui dans l’opinion pourraient donner lieu à de multiples interprétations mais qui pourraient aussi laisser entrevoir un nouveau refroidissement des relations entre le Gabon et la France, surtout à l’heure où le pays semble décidé à diversifier ses partenaires avec comme point culminant son adhésion au Commonwealth.