Procès de la Young Team : le révélateur de la caporalisation des institutions !
Du 10 au 18 novembre 2025, la Cour criminelle spéciale de Libreville a tenu le procès de la « Young Team » a abouti sur la condamnation à des réclusions criminelles chacun assorties de lourdes amendes et d’un remboursement record de plus de 4 402 milliards de FCFA à l’État gabonais pour détournements massifs, blanchiment et association de malfaiteurs. Mais au-delà de ces sanctions, ce procès a surtout révélé l’ampleur de la caporalisation des institutions sous la fin du régime d’Ali Bongo Ondimba.
Au terme d’un long feuilleton judiciaire, le peuple gabonais a pu constater, avec regret, la caporalisation des institutions. Ce mécanisme digne d’un âge révolu, consistait à placer l’ensemble de l’appareil d’État sous le contrôle hiérarchique informel d’individus sans mandat public légitime. Banques publiques et privées, Trésor public, ministères, justice. Tous les agents dépositaires de l’autorité publique semblaient obéir aux ordres de Noureddin Bongo Valentin et Sylvia Bongo Ondimba, comme l’a confessé Mohamed Ali Saliou à la barre : « À l’époque, personne ne pouvait dire non ».
La République sens dessus dessous !
À la barre, les témoignages des co-accusés de la Young Team ont été accablants. Des décaissements de milliards sur simple appel téléphonique, sans procédure ni contrôle parlementaire ou judiciaire. Des budgets de campagne notamment 80 milliards FCFA en 2023, gérés en dehors de tout cadre légal. Des dépenses personnelles extravagantes, Kim Oun ayant évoqué plus de 2 milliards FCFA annuels pour bijoux et vêtements de l’ancienne première dame. Un statut sans réel attribut légal mais ses caprices étaient– financés par l’État. Même la Cour des comptes et les députés, censés être des contrepouvoirs, restaient muets.
Cette soumission généralisée transformait les institutions en simples exécutants d’un clan familial, qui ne semblait pas se gêner d’aller à contresens de la séparation des pouvoirs et l’intérêt public. Il faut avoir le courage de le dire. Ce procès n’est pas seulement une catharsis judiciaire. Puisque ce feuilleton a exposé crûment comment la « Young Team » a privatisé l’État. Tout en affaiblissant son autonomie au profit d’une discipline aveugle. Les comptables de l’Etat non appelés à la barre ont laissé faire. Une attitude assimilable à la non-assistance à personne en danger. La personne n’est nulle autre que l’État gabonais.
En 2025, sous la Ve République ouverte par Brice Clotaire Oligui Nguema, qui promet justice, transparence et mérite, cette caporalisation doit appartenir au passé. Il faut désormais des institutions fortes. Cela implique dès lors un Trésor public imperméable aux ordres privés, une Assemblée nationale indépendante et ce, même si majoritairement composée de l’UDB ainsi que des garde-fous renforcés contre toute recapture clanique. Le Gabon mérite un État au service de la Nation, non d’individus. Ce verdict, s’il est suivi de réformes profondes, pourrait déclencher le début d’une véritable refondation.









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