Présidentielle Tchad : la commission électorale interdit de filmer les PV des dépouillements
Visiblement, la présidentielle tchadienne semble s’orienter vers une simple formalité pour Mahamat Idriss Déby, le président de la Transition actuelle. En effet, après la confusion autour de l’exécution du principal opposant, Yaya Dillo Djérou lors de l’assaut contre son domicile par les forces de défense et de sécurité, l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), organe en charge de l’organisation des scrutins électoraux, a mis en garde les candidats en course contre toute tentative de photographie des procès verbaux de dépouillement.
En meeting politique le week-end écoulé dans le sud du pays, le Premier ministre tchadien et candidat à la présidentielle, Succès Masra a appelé ses militants à la vigilance, en prenant le soin de prendre en photo les procès-verbaux de dépouillement. Une déclaration qui a suffi pour que l’Agence nationale de gestion des élections, accusée de partialité par les opposants au régime, remet la balle au centre, en mettant en garde tous ceux qui tenteront de prendre des photos.
Les tchadiens appelés à faire confiance à ANGE
Après les propos tenus par le Premier ministre nommé à la suite des accords de Kinshasa, l’Agence nationale de gestion des élections est monté au créneau en appelant les Tchadiens à faire preuve de sérénité et de patience. « Ce n’est pas l’ANGE qui a élaboré le code électoral, mais l’ANGE est chargée de sa stricte application », a indiqué sur RFI Tahir Hassan, le rapporteur général de l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), pointant au passage les risques de tension en cas de divulgation de ces photos sur les réseaux sociaux « Il ne faut pas que cela parte dans tous les sens, la situation doit rester sous contrôle », a-t-il poursuivi.
Des mises en garde qui n’ont pas manqué de faire réagir l’opposition « La loi prévoit que le dépouillement soit fait publiquement et les résultats lus à haute voix », a indiqué Sitack Yombatina, Vice-président des Transformateurs, avant de s’interroger « qu’est-ce qui fait peur à l’ANGE au point d’imposer une interdiction de prise de photos dans les bureaux de vote qui n’a pas été prévue par le code électoral ? ». En effet, le Code électoral tchadien n’a pas prévu la remise des procès-verbaux aux candidats, ou encore leur affichage dans les bureaux de vote.
Toute chose qui justifie la crainte de l’opposition, quant à des possibles manipulations des résultats puisque la seule possibilité qui est offerte aux candidats est d’obtenir ces PV de dépouillement auprès des représentants de l’ANGE dans les centres de vote. Rappelons que depuis le début du processus, le pouvoir tchadien n’a de cesse de dresser des obstacles aux opposants. Une manœuvre qui a atteint son paroxysme avec l’invalidation des dossiers de plusieurs ténors de l’opposition par le Conseil constitutionnel.